dimanche 13 août 2023

Nouvelle - 12 - Des mots et des doigts

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Des mots et des doigts

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Tout plein de petits mots qui courent sur la page, des maigres et des gros des, des qui ne sont pas sages, des drôles et des tristes, des jolis des pas beaux, des qui ont l'air sinistre, d'autres qui sonnent faux.

    J'aime les petits mots, qui courent sur la page, j'aime les petits pois au creux de la cuiller ...

  Mais j'aime aussi les mots qui pleurent le lundi, qui espèrent le mardi, heureux le mercredi, et qui sourient tous les jeudis, les mots qui rient le vendredi et qui délirent le samedi, oh ! qui dimanche froncent du sourcil.

    J'aime les petits mots, j'aime les petits pois, et je t'aime mon amour qui aime mes petits doigts qui courent sur ta peau, qui caressent tes lèvres, font frissonner tes seins, le pourpre de ta croupe, la cîme de ton con dirait Louise Labé, ton con qui me pâme et confond, mes petits doigts défricheurs de tes secrets abymes ...


    J'aime les petits pois, et puis j'aime les mots les petits et les grands, les maigres et les gros, les obscènes, les divins, j'aime les petits doigts, et les miens et les tiens.

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- 23 Octobre 1970 3 juillet 2017 -

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Nouvelle - 13 - Au nom de Dieu *

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Madame de Staël *

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 Madame de Staël  à son amant Ribbing :

    " Au nom de Dieu, ne me faites pas mourir par un long supplice. Dites-moi franchement que vous ne voulez pas de moi, que je ne vous reverrai jamais, que vous avez sacrifié ma vie à un an de la vôtre.

  C'est plus honnête que de m'écrire une lettre qui me remplit d'espérance, et de me laisser après des semaines entières dans un supplice que je suis vingt fois prête à terminer.

    Quelle barbarie de perdre ainsi l'existence d'une femme pour un jour de distraction !

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- Décembre 1794 -
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Nouvelle - 14 - Je ne suis qu'un compost

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Compost

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  " Je regrette ma vieille robe de chambre, raconte Denis Diderot, Pourquoi ne l'avoir pas gardée ?

  J'étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j'étais pittoresque et beau. Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s'offrait à l'essuyer. l'autre, raide, empesée, me mannequine "

        Dans un autre registre Dominique Rollin décédée en 2012 et ex de Philippe Sollers répond à l'un de mes prégnants questionnements quant aux modalités de mes obsèques, dame tout arrive, et les Pompes funèbres nous engagent à y penser tous les jours, multipliant les conventions nous invitant à régler l'addition avant notre mort pour en exonérer nos proches.


        Alors crémation ou cercueil ? Dominique Rollin écrivait ;

      "  Brûler un corps est un crime aussi laid que théâtralement comique : enfermer des restes dans un tiroir parmi tant d'autres, pourquoi, on s'y recueille parfois en serrant les mâchoires, carnaval indigne.

  Non, rien ne vaut le sommeil en terre, oui, la bonne et riche terre. C'est ce que j'ai souhaité pour ma part, un cimetière de haut niveau, pelouses bien ratissées, fleurs, monuments stupides, oiseaux vifs, juste ce qu'il faut pour que l'oubli s'installe avec sobriété ; je me transformerai sans hâte en - compost - (comme disent les jardiniers ) "

    Je rejoindrai volontiers son approche relative au cercueil, confortée en l'occurrence par cette autre considération de Cioran ;

  " Retour d'une crémation. Dévaluation instantanée de l'Eternité et de tous les grands vocables . "  

    Et puis l'idée de me concevoir comme un compost n'est pas pour me déplaire.

    Tiens je vais renfiler la bonne vieille robe de chambre de Diderot et aller regarder mes lesbiennes, Shane, Jessica, Bette, Tina, Dan, Kit,  et les autres  qui pétillent   de joies de vivre dans la série The world love
et de fraîcheurs sensuelles ....

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Lundi 25 janvier 2016

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15.38




16.39

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Nouvelle - 15 - Le linge sèche en une heure

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Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il reste encore à le repasser. Par ce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


     Elle le regarde le linge dans les bras, le fixe, quel con ce mec, il l'enrage, la rend folle ...elle lui dit : " Ouvre la fenêtre !". - Quoi ? - Ouvre la fenêtre ! 




Elle se met à tout arracher et elle balance tout par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter. Elle n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui lâche  comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tousse. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. "Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anne de Nouailles. .............. sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les monts. Ca ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge et mes chemises, elles, n'attendent pas.



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8 - Repassez ! dit-elle


Mylène Duchaton est assise, haut perchée et postée sur son tabouret de peintre un peu à la manière du penseur de Rodin, le menton sur le dos de la main et le coude planté dans le genou, laissant autour de son joli visage d'ange déchu gonflé par l'alcool ruisseler sa jolie chevelure blonde et bouclée.


Elle contemple, au delà de la fenêtre, son linge qui sèche pendu sur le fil depuis trois jours. Il doit être sec se dit-elle. Il faut que j'aille voir. Elle met du temps à émerger de sa torpeur vodka-pamplemousse. Elle descend du tabouret précautionneusement et à pas prudemment posés sur les marches qui conduisent au jardin elle va voir. Un souffle passe qui soulève sa nuisette et découvre quelques bribes de l'origine du monde. Elle tâte du bout de ses doigts une petite culotte. C'est sec constate-t-elle. Oui mais elle ne va pas dépendre son linge, car son ménage n'est pas fait. Si elle range le linge de manière à le repasser et qu'elle balaie la poussière va retomber dessus. Il faudrait le recouvrir. Ca devient compliqué. Elle est en nage. En fait ce n'est pas une nuisette. De loin on pourrait s'y méprendre. C'est un tee-shirt grande taille qui en fait office, d'un coup il fait très chaud et il lui colle au corps. Dommage que l'alcool et autres narcotiques lui aient gonflé le ventre. Elle a de tendres petites fesses. L'aspirateur ne fonctionne pas depuis des semaines. La solution est pourtant toute simple il ne faut pas balayer. a attendra sinon le linge dans ce sud de la France va brûler. Il faut donc dépendre le linge, le repasser puis le ranger. Mylène Duchaton a lu Claude Sarraute et souffre du dos. Ah ! repasses dit-elle. Elle lit aussi Lénine, Badiou mais eux ils ne la soignent pas, ils ne l'apaisent pas , il lui prennent la tête, ils ne lavent pas son linge, ils ne l'étendent pas, ils ne le plient, ni ne le rangent, ils ne fon ni le ménage, ni les courses, ni les comptes. Ils ont des conférences, pérorent sur les plateaux télé. Pas Lénine. Lénine sur un plateau télé ça aurait eu de la gueule. Mais Mylène Duchaton a un truc. Elle trie son linge par catégorie de textile et le glisse en le répartissant sous son matelas Alors au terme d'une nuit sage, sans tumulte ou effervescence le lendemain matin elle soulève le matelas. Le linge n'attend plus qu'à être plié et rangé.


Il est repassé !






Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il vous reste encore à le repasser. Parce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


Alors elle s'est mise à tout arracher et elle a tout balancé par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint -frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton, la machine est repartie. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter,ça n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui ai lu comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." Ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tourne. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. " Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anna de Nouailles; “ Viens sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les 7 - Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


monts...” mais ça ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge à laver, sécher et repasser et mes chemises, elles, n'attendent pas.


   La nuit est là dehors qui vous enferme ensemble dans la tombe.

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Nouvelle - 17 - La Mort intime

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LA MORT INTIME

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mercredi 18 mars 2015 7.20

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   J'écrivais donc que j'allais dissoudre ce blog, peut-être pas. Peut-être pas.


   Parce que la mort m'intéresse et que j'envisage d'une part de la parcourir à travers le livre de Marie de Hennezel, psychanalyste, spécialiste de l'accompagnement de la fin de la vie  ; " La mort intime " sous-titré ; " ( 1995 ); " Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre " perception que je ne partage pas du tout à ce jour, d'autre part à travers la perception qu'en ont les prosateurs et poètes.


   Ce n'est qu'un exercice de style, qu'une curiosité d'Alceste Paumier, puisque par ailleurs ce blog n'est lu que par un nombre dérisoire - mais non moins honorable - d'internautes.

    

   Hennezel qui ouvre son livre en disant :


   " La mort est le moment culminant de notre vie, son couronnement, ce qui confère sens et valeur. " 

     

       Si encore elle avait ouvert son livre avec ce vers de Francis Jammes ;


     " Lorsqu'il faudra aller vers vous, Ô mon Dieu, faites

    que ce soit par un jour où la campagne en fête

    poudroiera . "

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Nouvelle - 19 - Une Histoire de Bougies

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une Histoire de Bougies

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Samedi 24 janvier 2017


Je reçois aujourd'hui cette lettre ;


     " Cher monsieur,

 

           Vous recevrez dans les prochains jours par Chronopost un colis contenant un pack de bougies. Un message accompagnera cet envoi qu'il explicitera. "


     Un cachet sur l'enveloppe, incompréhensible, aucun nom d'expéditeur.


     Etrange. 


     Des bougies ! Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ! je n'ai fait aucune commande et pas davantage Eliante l'épouse pas davantage ...

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Lundi 26 janvier 2015


16.36 

          Samedi je recevais cette missive ; " Cher monsieur, Vous recevrez dans les prochains jours par Chronopost un colis contenant un pack de bougies. Un message accompagnera cet envoi qu'il explicitera. "  Un cachet sur l'enveloppe, incompréhensible, aucun nom d'expéditeur. 


      Et ce lundi je reçois un colis Chronopost assez volumineux sur les coups de midi. Sur l' étiquette figure un  cachet  avec des lettres et des chiffres, comme une référence, un code, mais incompréhensible pour moi , et toujours sans aucun nom d'expéditeur.


   J'ouvre le carton, j'y découvre comme annoncé samedi le pack de bougies le tout accompagné d'une missive que j'ouvre ;


   " Cher monsieur voici un lot de bougies qu'il vous est demandé de préserver soigneusement jusqu'à nouvelle notification par les mêmes voies. N'ouvrez pas ce pack et sous aucun prétexte sans avoir reçu la notice qui vous en donnera le mode d'emploi.


     Ainsi s'il vous advenait une panne d'électricité cette nuit ou quelqu'autre nuit, n'ouvrez pas pour autant ces lots, et n'utilisez pas ces bougies. Vous en pâtiriez. "


     Et toujours aucun nom, aucune mention de l'expéditeur, aucune signature, aucun numéro de téléphone ou de mail ..

     

   Je suis intrigué et perplexe, un peu inquiet. 

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 Mardi 27 janvier 2015


15.23

     Hier lundi je recevais donc par chronopost ce colis assez volumineux contenant des lots de bougies auxquels je n'avais pas droit de toucher me disait un message " sans avoir reçu la notice qui m'en donnerait le mode d'emploi. "


     Ce mardi matin j'ai reçu un nouveau pli par la poste.


   " Cher ( sic !  ) cher ouvrez bien vos sachets de bougies, dénombrez-les.


   Le nombre de bougies que vous aurez ainsi décompté correspondra au nombre de jours que vous aurez à vivre ou si vous préférez qu'il vous restera à vivre. " Aïe !


   ...  D'emblée ça m'a fait froid dans le dos, des sueurs courent le long de mon échine.


   Le message se poursuit ainsi ;


   " Toutefois soyez attentif au préalable suivant ; Un prochaine directive vous indiquera le jour à compter duquel vous devrez faire brûler votre première bougie. Alors ensuite jour après jour il vous appartiendra de faire brûler une nouvelle bougie jusqu'à épuisement du lot qui vous a été envoyé. Et ce jour là ... mais des messages accompagneront par intervalles ce cheminement qui vous est dédié.  "  


    Toujours pas de références, ni de noms mentionnés ou identifiables, je suis troublé, et plus inquiet qu'hier, j'angoisse.


 Je lis et relis et me demande qui je suis, où je suis, si mes ingestions de Breaking Bad à forte doses ne m'égarent pas et si je ne suis pas moi-même l'un des personnages d'une série télévisée.

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Mercredi 28 janvier 2015

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        Je guettais un courrier - je vais éteindre la télé, les infos, la Lucet-voix-de-gorge m'exaspère - ...  Les bougies, rien, rien, aucune enveloppe, aucune lettre, j'ai un peu peur, pas de notice d'emploi donc aujourd'hui. Eliante  l'épouse ne sait pas l'histoire du colis livré lundi. Elle était absente au moment de la livraison. Je suis allé le planquer à la cave. Elle n'a pas non plus la lettre, la factrice est passée avant son arrivée. 


     Et aujourd'hui rien. Et si j'ai commencé hier en tremblant à palper les sacs susceptibles de contenir les bougies dont le nombre doit déterminer mon compte-jours, je me suis vite rétracté, je n'ai pas obtempéré à la directive et n'ai pas ouvert les lots et ai donné même un coup de pied dans le tas ... 


     Suspense, je me pince encore, et je ne me drogue pas ...

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Jeudi 29 janvier 2015


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      Excusez-moi je m'étais absenté, je me shootais aux amphets de Breaking Bad. Il pleut.


   Et ce matin pas de messages non plus concernant mon colis de bougies que je brûle d'aller décompter pour connaître le nombre de jours qui me restent à vivre si j'en crois le message qui m'a été adressé ce mardi dernier, avant-hier ; 


   " Ouvrez bien vos sachets de bougies, dénombrez-les. Le nombre de bougies que vous aurez ainsi décompté correspondra au nombre de jours que vous aurez à vivre ou si vous préférez qu'il vous restera à vivre. "


     Dans quelle série suis-je ? New-York section criminelle ? Chicago Police Department ? les Experts ? Castle ? le Mentalist ? Que sais-je et je n'en connais aucune ...


    Où suis-je dans le fantastique et les histoires extraordinaires d'Edgar Poë ...


    Quand je pense qu'il suffirait là, que je lâche tout, descende à la cave où j'ai planqué le colis, que je sorte les lots de bougies, que je déchire les sachets, les ouvre et compte les bougies et si j'en crois la puissance maléfique qui me signifie ma damnation, en déduise le reste de mon existence  ... 


    Brrrrrrrrrr ...

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Vendredi 30 janvier 2015


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    Eliante me questionne, on n'a pas reçu de courrier ce matin ?


    Non, non ! ai-je fait.


   Mais si ! si ! j'avais bien reçu une lettre émanant de cet expéditeur anonyme qui me harcèle depuis samedi dernier et m'a envoyé un colissimo de bougies .


    Et je n'ai toujours pas ouvert le colis caché à la cave, et là, j'ai la lettre sous les yeux mais n'ose, je tremble de l'ouvrir.


    C'est la lettre si j'en crois les termes de celle de mardi qui doit m'indiquer le jour à partir duquel je dois faire activer mon compte bougies en brûlant la première du lot pour brûler jour après jour une nouvelle bougie jusqu'à épuisement du stock envoyé, chaque bougie correspondant à un jour à vivre, plus de bougie, plus de jour ! la mort quoi !


    Là, ça pèse, le colis, les bougies non dénombrées, la lettre d'aujourd'hui que je n'ouvre pas ...

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Samedi 31 janvier 2015

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     Rien aujourd'hui - stop - je n'ai pas ouvert les lots de bougies - stop - et n'ai pas ouvert l'enveloppe reçue hier - stop - et ne suis pas d'humeur à m'attarder sur le sujet. -stop -

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Dimanche 1er Février 2015

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15.18


      Ces bougies, cet envoi de bougies, ces bougies dont le nombre va ... aujourd'hui c'est dimanche, ça va une semaine que ça dure cette plaisanterie. J'ai préféré bien que j'en connaisse la fin ayant regardé les deux derniers épisodes de la saison cinq sur Arte Jeudi et que donc je sais le dénouement, j'ai préféré visionner les épisodes que je n'avais pas encore vus et qui sont toujours aussi captivants, je parle de Breaking Bad.


    Avec ces bougies moi aussi je suis dans le breaking mais le breaking quoi ... 


   Je me suis demandé si je ne devenais pas fou, mais non le colis est toujours à la cave, j'ai vérifié, et la dernière lettre que j'ai reçue vendredi n'est pas ouverte ...


   Après tout un ami me veut peut-être du mal ... Une forme de chantage ... ou un ennemi plutôt qu'une puissance maléfique ...

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Lundi 2 février 2015


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15.01

       On aimerait bien dire je t'aime mais à qui ...


         Pas de courrier aujourd'hui, et les bougies à la cave, et la lettre de vendredi dernier toujours pas ouverte, j'ai cru aux esprits pendant quelques jours, mais je ne crois pas au surnaturel, ce doit être un sale petit con qui essaie de me déstabiliser en me suggérant une mort prochaine avec sa fumeuse histoire de bougies ! je l'aurai, je l'aurai !

    Il est vrai que quand les fonctions organiques marquent quelques déficiences ensemble ou tour à tour, on se dit tient une douleur ici à l'aine, une rétention là, on se dit tient, une alerte, une récidive ? Une menace ?


   L'annonce implicite que le début de la fin est proche, mais seulement le début ...

... 

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Mardi 3 février 2015

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13.24  6°


     Pas de nouveau courrier et toujours ces lots non ouverts de bougies, l'enveloppe de vendredi non ouverte. 

   

   Promis demain, oui, c'est ça demain mercredi j'ouvrirai et les paquets et cette enveloppe, un amertume d'effroi me parcourt que vais-je lire, une sentence ? Que se passe t-il un chantage, une crasse à la Breaking Bad ... 


   Encore un jour de pause ... une reculade, un répit.

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Mercredi 4 février 2015 


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12.29


      Non pas encore aujourd'hui ... Non, pas encore !


      Damnation ! je reçois aujourd'hui ce mercredi froid et ensoleillé une message selon les mêmes modalités d'expédition inidentifiable que pour les envois précédents. 


   Cette fois mais toujours sans avoir ouvert le colis donc sans avoir dénombré le nombre de bougies-jours qui me sont alloués, ni ouvert la lettre de vendredi dernier qui contient la directive relative à la mise en marche de mon débit bougie-jours, cette fois j'ouvre la lettre... mes doigts tremblent, j'extirpe le message qui tient sur une bande de papier ; 


    " Nous savons que vous n'avez pas compté vos bougies, nous savons que vous n'avez pas ouvert la lettre de vendredi dernier qui vous notifiait le jour à partir duquel vous êtes tenu de faire brûler la première bougie-jour.


     Cette résistance si elle est légitime et compréhensible ne vous exonérera pas de votre destin. 


   Il ne vous  reste plus que jusqu'à minuit pour qu'à votre initiative et de vous même donc vous décomptiez les bougies de votre sablier et découvriez le jour déclenchant le décompte de votre reste à vivre ..."


     J'en ai des frissons dans le dos. Saison 1. Episode 11. Presque un thriller de la série noire, mais je ris  jaune. 


    Le décompte de mon reste à vivre !!!

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Jeudi 5 février 2015


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10.40


       " Il ne vous  reste plus que jusqu'à minuit pour qu'à votre initiative et de vous même donc vous décomptiez les bougies de votre sablier et découvriez le jour déclenchant le décompte de votre reste à vivre ..." me disait la lettre anonyme d'hier.

    

   Eh bien je n'ai pas obtempéré. Je n'ai pas ouvert la lettre de vendredi dernier, ni toujours les pochettes de bougies ...


     Quel cartel me menace t-il ? Quel ennemi ? Quel ami peut-être ou quelle ex du virtuel s'amuse à ce jeu glauque ?

      

   Pas de courrier ce matin, je ne bouge pas.

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Vendredi 6 février 2015

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17.09


      Pas de courrier aujourd'hui. Et je n'ai pas obéi aux injonctions. Je n'ai pas respecté l'échéance de minuit qui m'étaient fixée par ces cons ou cette garce pour ouvrir le colis et décompter les bougies.


     Le plus drôle dans l'histoire c'est que je suis descendu à la cave. Je n'ai pas retrouvé le colis. Mais où est passée la police !


     ça va mal finir cette histoires de chandelles. Mais où est passé le colis contenant les bougies et les lettres ?

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Dimanche 8 février 2O15 19.22

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     Les Bougies, les jours, ? la mort ? Un gag ? une farce, un harcèlement ? un jeu ? un signe ?


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Samedi 24 janvier 2015 . Texte relu et revu le dimanche 12 août 2017 Après-midi 


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