dimanche 13 août 2023

Nouvelle - 15 - Le linge sèche en une heure

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Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il reste encore à le repasser. Par ce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


     Elle le regarde le linge dans les bras, le fixe, quel con ce mec, il l'enrage, la rend folle ...elle lui dit : " Ouvre la fenêtre !". - Quoi ? - Ouvre la fenêtre ! 




Elle se met à tout arracher et elle balance tout par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter. Elle n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui lâche  comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tousse. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. "Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anne de Nouailles. .............. sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les monts. Ca ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge et mes chemises, elles, n'attendent pas.



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8 - Repassez ! dit-elle


Mylène Duchaton est assise, haut perchée et postée sur son tabouret de peintre un peu à la manière du penseur de Rodin, le menton sur le dos de la main et le coude planté dans le genou, laissant autour de son joli visage d'ange déchu gonflé par l'alcool ruisseler sa jolie chevelure blonde et bouclée.


Elle contemple, au delà de la fenêtre, son linge qui sèche pendu sur le fil depuis trois jours. Il doit être sec se dit-elle. Il faut que j'aille voir. Elle met du temps à émerger de sa torpeur vodka-pamplemousse. Elle descend du tabouret précautionneusement et à pas prudemment posés sur les marches qui conduisent au jardin elle va voir. Un souffle passe qui soulève sa nuisette et découvre quelques bribes de l'origine du monde. Elle tâte du bout de ses doigts une petite culotte. C'est sec constate-t-elle. Oui mais elle ne va pas dépendre son linge, car son ménage n'est pas fait. Si elle range le linge de manière à le repasser et qu'elle balaie la poussière va retomber dessus. Il faudrait le recouvrir. Ca devient compliqué. Elle est en nage. En fait ce n'est pas une nuisette. De loin on pourrait s'y méprendre. C'est un tee-shirt grande taille qui en fait office, d'un coup il fait très chaud et il lui colle au corps. Dommage que l'alcool et autres narcotiques lui aient gonflé le ventre. Elle a de tendres petites fesses. L'aspirateur ne fonctionne pas depuis des semaines. La solution est pourtant toute simple il ne faut pas balayer. a attendra sinon le linge dans ce sud de la France va brûler. Il faut donc dépendre le linge, le repasser puis le ranger. Mylène Duchaton a lu Claude Sarraute et souffre du dos. Ah ! repasses dit-elle. Elle lit aussi Lénine, Badiou mais eux ils ne la soignent pas, ils ne l'apaisent pas , il lui prennent la tête, ils ne lavent pas son linge, ils ne l'étendent pas, ils ne le plient, ni ne le rangent, ils ne fon ni le ménage, ni les courses, ni les comptes. Ils ont des conférences, pérorent sur les plateaux télé. Pas Lénine. Lénine sur un plateau télé ça aurait eu de la gueule. Mais Mylène Duchaton a un truc. Elle trie son linge par catégorie de textile et le glisse en le répartissant sous son matelas Alors au terme d'une nuit sage, sans tumulte ou effervescence le lendemain matin elle soulève le matelas. Le linge n'attend plus qu'à être plié et rangé.


Il est repassé !






Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il vous reste encore à le repasser. Parce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


Alors elle s'est mise à tout arracher et elle a tout balancé par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint -frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton, la machine est repartie. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter,ça n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui ai lu comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." Ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tourne. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. " Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anna de Nouailles; “ Viens sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les 7 - Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


monts...” mais ça ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge à laver, sécher et repasser et mes chemises, elles, n'attendent pas.


   La nuit est là dehors qui vous enferme ensemble dans la tombe.

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