dimanche 13 août 2023

NOUVELLES 2018

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Nouvelles 2018


Du côté de chez Cramm




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1. Souriez vous êtes filmé.

2. Un Peau-rouge dans la ville.

3. Le Chat, le rat et la petite fille.

4. Elle n'a que vingt ans.

5. Le martyre d'un tube.

5. Tu Tousses

6. Radio, impeccable ! Irma

7. Une journée anniversaire

8. Le Beaujolais nouveau est arrivé.

9. Un chien à son balcon.

10.Tu vois fallait me regarder.



12.Le poil, Courbet et la boulangère 

13.L'hôtesse de caisse

14.La corde

15.La brosse à dents


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* = titre écrit en couleur bleue = Ecrit définitif



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1 - Souriez, vous êtes filmé.

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Quand Gilbert  Cramoiseau  marche, il marche à la manière du rêveur solitaire, l'air introverti, le regard fixé sur la pointe de ses souliers et se laisse envahir par mille pensées sans véritable intérêt mais qui l'assaillent pêle-mêle à son insu et qu’il mâchonne au rythme de ses pas. Il lui faut toujours broyer quelque chose pour ne pas avoir le sentiment de tourner à vide, c'est à dire pour ne pas avoir l'impression de vivre à vide.


La croix verte lumineuse d'une pharmacie laisse défiler la bande-annonce de la date, de l'heure et de la température. Il fait nuit encore. Sept heures cinquante-sept, treize degrés. Il marche dans ce matin d'hiver, ce matin de décembre dans cette énorme ville où déjà gronde à cette heure le murmure immense du labeur. 

  

 Il marche donc, lève soudain la tête et tombe quasiment le nez sur l'affiche d'un panneau publicitaire. Il s’agit de la publicité de la marque Nikon qui l'interpelle, l'apostrophe, au point qu’il a failli lui dire bonjour, bonjour ! à cette affiche qui lui jette au visage l'objectif d'un appareil photographique qui le fixe du doigt, de l'index, le soulève par le col, le happe, le hisse, le hèle : " Souriez, vous êtes filmé " clament les mots du slogan. Et Gilbert Cramoiseau subjugué, charmé, obtempère, sourit. Il sourit naturellement, heureux, limite béat. Nikon lui a dit " Souriez " Cramoiseau sourit à Nikon.


   Puis il continue de marcher, songeur. Il n'en revient pas. Il se repasse le film de l'histoire et sourit à nouveau.   Mais quel con ! mais quel con ! quel... bon ! il s'est suffisamment flagellé ... 


   Puis il marche toujours, éberlué, " ahurissant ! j'ai obéi à une affiche, à une forme d'injonction subliminale ". 

  

 Il marche Gilbert Cramoiseau, il marche et il se remet à sourire. Quand même ! sourire à un slogan !


   Normal il est filmé. 


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2. Un peau rouge dans la ville

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 Gilbert Cramoiseau a carrément fait un saut de côté. Il ne faut jamais raser les murs. Le type a failli lui vider la casserole sur les pieds.


    Certes de l'eau mais une casserole quand même.


   Ce matin dans la nuit de janvier, il file d'un bon pas vers le siège de l'association. Il y assure une permanence d'accueil. Il marche longeant les immeubles, lorsque soudain la fenêtre d'un appartement du rez-de-chaussée s'ouvre.


   De l'embrasure, un bras surgit, une main se tend tenant une casserole qu'elle vide d'une eau qui s'éclate sur le rebord de la fenêtre, puis éclabousse et se répand.


   Gilbert Cramoiseau n'a eu que le réflexe et le temps de faire un saut de côté très-petit-pas-de-deux, très petit-rat-de-l'opéra sur un trottoir. Presque une pointe mais il se tourne vers l'intrus. C'est un indien.


    Il l'a repéré depuis longtemps cet indien là, un cinglé ! .


   Chaque semaine, il passe devant lui qui est planté sur le seuil de son couloir tirant sur sa pipe ou poussant le balai sur le trottoir ou sur les pieds du passant qui le contrarie dans sa manœuvre.


   C'est une espèce de sexagénaire ventripotent français de souche aux  cheveux blancs-d'œuf tirés en arrière et finissant en queue et respirant la bêtise ancrée et sans appel.


   Mais c'est un indien. Il a le front ceint d'un bandeau. Une plume d'aigle y est glissée. Un jour Cramoiseau s'est arrêté devant ses volets fermés. Il y a regardé et lu une affichette illustrée par la photo du dit indien le figurant avec une coiffe emplumée de sioux et cette légende :


     " Indien de la tribu des Mahawoks".


   Diable !


   Gilbert Cramoiseau fixe l'indien. Il attend une excuse. L'indien fixe Cramoiseau. Cramoiseau ne bouge pas. L'indien fait : " Y a un problème ? "


       Cramoiseau n'a rien d'un belliqueux, mais il ne faut pas le chercher. Il lui enverrait bien son poing dans la ... 


   -  Non, fait Cramoiseau, mais j'ai failli recevoir votre casserole d'eau sur les pieds.


  -  Exact, fait l'indien mais vous avez failli, vous n'avez pas reçu la casserole d'eau sur les pieds. Donc y'a pas de problème. Vous avez failli...


     S'il ne le retenait pas Cramoiseau son poing partirait tout seul.


   Cramoiseau sourit presque. Décidément il est conciliant ce matin et s'apprête à reprendre son chemin, quand l'indien l'apostrophe à nouveau.


   -   Alors si y'a pas de problème, casse-toi pauv'con, circule y'a rien à voir, sinon je vais pas faillir de te mettre mon poing sur la gueule !


     C'est le monde renversé ! mais vraiment Cramoiseau est de bonne humeur ce matin.


   -  Ah ! vous ne scalpez plus fait Cramoiseau qui quand même finit pas s'éloigner appréhendant le sifflement d'une flèche ou d'un lancer de tomawak.


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3. Le chat, le rat et la petite fille


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   Le cui-cui de l'oiseau n'a pas duré longtemps dans la cour au pied de l'hortensia. 


   J'étais dans le salon. J'ai soudain entendu un KKKru-ui-ei-uiek... Il y avait bien trois K dans ce cri d'égorgé. 


   Intrigué, je me lève, j'approche de la porte-fenêtre. Je vois un chat sur le toit du cabanon du jardin tenant en sa gueule un oiseau dont je distingue les yeux exorbités, le bec jaune grand ouvert. Le chat saute sur le sol et s'installe et prend ses aises sous l'hortensia, l'oiseau dans la gueule. 


     Et là paisiblement, méticuleusement, s'aidant de ses crocs, de ses pattes, dépèce le merle noir. Je ne l'affirmerais pas mais je dis que c'est un merle noir. 


   L'oiseau déjà éventré n'est déjà plus qu'un fracas et un tripatouillage de chairs sanguinolentes, de tripes à l'air dans lesquelles le chat trempe, se délectant, son museau frémissant. Il écarte, il triture, fouille, déchire, savoure, déguste et se repaît. Mais soudain le chat se fige, sent une présence, il m'a vu, il lâche la boule de chair rose et vers moi se retourne puis me fixe.


Je l'ai dans le viseur de mon appareil photographique que j'ai couru chercher. Il me fixe mais je l'ai déjà pris tandis qu'il se substantait. Il fuit d'un bond.


Une heure s'écoule, le chat réapparaît, entre dans la maison. Ce matin en sortant la poubelle du cabanon dans le fond du jardin, un rat avec une longue queue m'a filé entre les jambes. Le chat a peut-être aussi goûté du rat. Il connaît une peu la maison, et parfois comme à l'instant il y entre et la traverse et y séjourne selon son bon vouloir, sans doute au retour de ses chasses quand il a trouvé pitance à sa guise et meilleure que des croquettes et des merles noirs et que rassasié, fatigué il éprouve le besoin de se reposer. Le repas du chasseur.


   Alors cet après-midi il vient au pied du canapé sur le tapis où joue la petite fille, s'allonger, repu. Sa queue se meut, se raidit, s'érige en point d'interrogation et tournoie. 


   La petite fille approche lui caresse la queue, puis elle se met à plat ventre devant lui, les coudes sur le tapis, le visage dans ses petites mains, sa frimousse frottant son petit nez sur le museau du chat curieux. 


    Elle y avance ses petites lèvres pour un baiser mutin et le chat plisse ses yeux et sort sa petite langue rose qui impudique entreprend quelque toilette intime, puis  encore digérant quelques relents de tripes d'oiseau, exhalant quelques senteurs de rats ou de mulots qui émeuvent ses papilles, lèche tranquillement le mufle de l'enfant. 


   Il est des candeurs fraîches où d'innocentes tendresses s'abandonnent à des léchages putrides de félidés cyniques


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4 - Elle n'a que vingt ans

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Elle n'a que vingt ans, et elle vend du fromage sur la place du marché. De chèvre. C'est son plaisir à elle de vendre du fromage. De chèvre. 


    Eux, qui viennent dans l'allée, ils n'ont plus vingt ans et comme tous les jeudis matin ils font leur marché comme tous les vieux, la tête dans les épaules, le pas traînant, le regard biaisé, le cabas à la main.


Elle, elle qui n'a que vingt ans, un anneau dans l'oreille, la droite ou la gauche ? qu'importe elle a un anneau dans l'oreille, elle s'avance et les hèle, présentant sur le bord de sa spatule un soupçon de fromage de chèvre.


- Allez ! les amoureux ! voulez-vous un crottin, un p'tit bout de fromage pour vous parfumer la bouche...


Mais les vieux dès qu'on leur parle, ils pressent le pas, ils n'aiment pas qu'on les épingle, qu'on les montre, lui là pourtant se retourne. Elle le regarde celle qui n'a que vingt ans, un piercing à l'oreille, c'est un piercing ou un anneau ? bon un truc quoi un truc à la punk, elle lui sourit, lui fait quelque chose avec ses lèvres, son fromage sur le bord de la spatule, cligne d'un œil.


   Petite louve, petite garce, petite allumeuse pense le vieux...


Le vieux presse le pas pour rattraper la vieille qui siffle entre les dents de son dentier : " Cette voyouse qui nous moque, elle vieillira aussi la petite garce.

 

   Tiens le même mot lui est venu à l'esprit. Elle apprendra quand elle aura notre âge que l'on ne se parfume pas la bouche, on se la désinfecte et on se colle le dentier sur les gencives. 


   Elle n'a pas honte ! Nous stigmatiser, nous insulter en nous criant : " Allez les amoureux " !


Le vieux dit : Elle n'a pas crié !


C'est tout comme ! rétorque la vieille et s'aimer à notre âge c'est s'aimer d'amour vache ... la garce ! je suppose qu'elle passe son temps à mouiller son slip cette petite putasse ...


    La vieille elle parle comme un charretier, d'autres diraient comme une marchande de poissons. Mais même les marchandes de poisson ne parlent pas comme ça. 


    La vieille a des souvenirs, une nuit elle avait joui sept fois. Elle n'avait que vingt ans alors.


Le vieux ne dit plus rien le nez sur ses godasses, des souliers vernis tout neufs qu'il a depuis vingt ans, qu'il ne mettait que les jours de fête, et qu'il met désormais tous les jours de marché, il a tellement peur de mourir avant de les avoir usées, il s'engonce davantage dans sa canadienne du siècle dernier qui appartenait à son oncle comptable aux chantiers navals.


   Mais c'est quoi une canadienne hein ! c'est quoi ! ben feuilletez le web vous trouverez ...


L'amour, les amoureux ! c'est vrai. Elle qui n'a que vingt ans leur fait mal, ça lui fait mal au vieux  d'être alpagué par cette gothique aux anneaux dans le nez. Certes elle n'a qu'un piercing à l'oreille mais c'est tout comme. Jadis du temps des Colonies c'étaient les cannibales aux lèvres rouges et aux os dans les cheveux qui avaient un anneau dans le nez ...


   Mais elle ne sait pas elle qu'elle fait mal. Elle n'a que vingt ans. Lui le vieux il sait. Lui, sa vieille, blanche, grosse et blette, toute en épaisseurs et bourrelets qu'il voit tous les matins nue s'agrippant, crispée, de ses mains tordues par les rhumatismes sur les bords de la baignoire quand elle y entre, quand elle en sort, horrible quand elle s'y accroupit ou s'y allonge. Mais lui, il se voit aussi, il se hait aussi.


Blanc, replet, il est également tout en retombées, et son engin qui lui pend comme un morceau de mou pour le chat tel celui que sa grand-mère lui envoyait chercher chez le boucher tous les jeudis après-midis, tu lui demanderas cent grammes de mou pour le chat ... .


 Alors soudain le vieil homme est envahi par une onde de souvenirs émeraudes et  bleutés, de seins ronds et de croupes caressées, tendres et ondulantes. Et celle-là qui lui avait un soir sous la lune et sous les pins, minaudé :

 " Moi, je me laisse embrasser, mais je reste froide." Quel con ! le nase ! Il ne l'avait pas embrassée. Ils n'avaient que vingt ans. Il n'avait que vingt ans.


     Ils ont terminé leur marché, ils rentrent marchant à pas traînants et tâchent de gagner leur chaumine enfumée, ils n'ont même pas un petit bout de fromage pour leur parfumer la bouche.


     Lui il se retourne une dernière fois vers la fille mais elle s'est fondue dans le flux des vieux parce qu'il n'y a que les vieux qui font leur marché maintenant..  et comme c'est un vieux lettré ces mots qui lui reviennent elle n'a que vingt ans la gorge déjà basse, pend de chaque côté comme une calebasse et pourtant me traînant chaque nuit sur son corps ainsi qu'un nouveau né je la tête et la mord ...


    Il en serait encore capable. 


        Sa vieille n'en démord pas elle du fromage pour parfumer la bouche ! Il hausse les épaules, ah ! évidemment c'est pas tes camemberts coulants qui nous la parfumeront la bouche ...  


    Mais du crottin de Chavignol si c'était certainement du crottin de Chavignol... on aurait dû en acheter, on aurait essayé ... 


     Il rit et puis hein ! Henriette ! on se serait embrassé hein, embrassé !


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5. Le martyre d'un tube


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Le Martyre d'un tube dentifrice

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     Quand Irène entra dans la salle d'eau, quand elle vit Jean-Gilbert dévisser le bouchon du tube dentifrice, quand elle le vit faire glisser son pouce sur la peau du tube de   manière à faire monter la pâte vers l'ouverture et à la faire éjaculer sur les dents de la brosse elle eut une nausée, elle eut la vision d'une doigt qui caressait un sexe d'homme et le sentiment subit que son mari était homosexuel et s'exclama :


   -    Non Jean-Gilbert, pas ça, pas toi arrête ! c'est monstrueux ! 


     Il sursauta, surpris, tenant toujours le tube allongé sur le plan du lavabo qu'il pressait de son pouce implacable qu'il suspendit pourtant et se tourna vers l'épouse.


   - Quoi monstrueux, mais en quoi, enfin qu'est-ce qui te prend ! que t'arrive t-il encore tu ne m'as jamais vu à poil dans la salle d'eau le matin à cette heure ? Il regarda son sexe, un pendentif de chair blette dans une touffe de poils grisonnants, certes c'était laid, ça n'avait pas la classe d'un sexe en érection, mais quoi c'était ça un bonhomme pas toujours ragoûtant comme visuel ! c'était tous les matins comme ça depuis longtemps après l'érection matutinale, c'est mon sexe qui te répugne à ce point !


   - Mais vieux con, ce n'est pas toi que je regardais, encore moins ton haricot, ton truc, ton machin, ce fétu, ta calamiteuse pendeloque ...


    - Il ne tient qu'à toi chérie que ma pendeloque redevînt un brillant ardent et fier.


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   Irène haussa les épaules, les hommes et leur maudit sexe !. Mais non c'est le tube, le tube de dentifrice t'as vu comme tu le pressais incongrûment comme tu lui appuyais sur le ventre 


   - !!!! ???


   - Oh ! ne roule pas des yeux comme ça, oui le tube, le tube dentifrice tu as vu comment tu le martyrisais et de manière indécente on eût dit que tu le branlais !


-   Quoi ! je branlais le tube dentifrice... ! branler ! quels mots vous prononcez Madame et quel dommage !


- Je t'en prie ne me regarde pas ainsi avec tes yeux de hareng-saur ! enfin oui un tube dentifrice ça se respecte, on l'accompagne, on le caresse, on ne le pressure pas comme tu l'as fait l'écrasant à lui crever le ventre ... 


    Jean-Gilbert regarda sa femme, elle devient folle, mais tu es folle ! ça y est tu glisses, tu sombres vers la démence sénile ... 


    Irène prend le tube. Je vais te montrer dit-elle 


   Elle prit délicatement le tube dentifrice entre son pouce et son index de la main droite puis de la main gauche dévissa doucement le bouchon et pressa le tube avec attention. 


   Elle suivit la montée de la pâte et en régula la sortie, un segment de coulis couleur menthe à l'eau montra le museau et cligna de ses petites molécules. Elle l'étendit sur le poil blanc et dur de la brosse qu'elle rendit à un Jean Gilbert ahuri et reposa le tube ... 


   - Tu vois mon gros comment l'on doit traiter un tube dentifrice comme une amante, avec douceur, point n'est besoin de l'éventrer et de prendre le risque de gâcher la pâte, de lui donner des bleus ... Moi si je t'appuyais, si je pesais comme une malade sur ta graisse, tu gémirais comme une truie.


   Jean-Gilbert ne broncha pas, Irène devenait folle. Ces mots, ce langage de charretier n'étaient pas les siens...


    Elle poursuivait le regard comme perdu vers ces songes intérieurs que l'on n'achève jamais.


- Si je te tripotais vigoureusement et sans égard tu hurlerais. 


- Tout dépend je pourrais dire hum oui, encore, j'aime ah, encore, mais j'ai oublié le goût de tes doigts !


     Irène ne commenta pas et sortit. Jean-Gilbert prit le tube à son tour un peu cabossé par les malaxages qu'il venait d'éprouver et le pressa à nouveau. Il le lissa, qu'il était doux sous ses doigts et il s'appliqua cette fois à rééquilibrer la pâte à l'intérieur du tube qui retrouva la plénitude d'un corps joliment dense et aminci qu'il se surprit à caresser. 


     Ce tube entre ses doigts, qui se mouvait tendre, malléable, doux, l'apaisait, Jean-Gilbert éprouva même un instant durant au creux de son être, de son sexe même comme un suave frisson, une douce érection... oh même ...


     Il se retourna, Irène n'avait pas fermé la porte de la salle d'eau...


    Objet inanimé avez-vous donc une âme, Jean-Gilbert Cramoiseau venait de découvrir qu'un tube de dentifrice avait une sensualité. 


   C'était fou ... 


     Il lut sur le tube le mode d'emploi ...


      Pour un soulagement immédiat, appliquer jusqu'à deux fois par jour, directement avec le bout du doigt sur le ... sur la dent sensible, en massant doucement pendant une minute. Refermer après usage ...


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5 - Tu tousses !

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   Elle tousse, elle tousse, elle tousse la femme de Cramoiseau ... il ne supporte plus.


- Tu tousses ma vieille faut consulter. Tu n'arrêtes pas, tu m’exténues, tu m’exaspères. C'est ta faute, tu veux frimer. C'est l'hiver et tu sors à poil élaguer tes chrysanthèmes dans la cour, alors évidemment ça te tombe dessus et c'est bien fait. Seulement, seulement, tu tousses le jour, tu tousses la nuit et tu ne fais rien, tu te prends des remèdes à la con, tes tisanes, tes infusions. Et les toubibs ça sert à quoi ! et le pharmacien ! Mets-toi au moins des cataplasmes mais fais quelque chose, bon dieu ! fais quelque chose !


- Je tousse ! mais toi tu éructes vieux con et tu craches par terre. De la tenue ! même en Chine maintenant l'on ne crache plus par terre, si tu craches tu vas en prison. Alors donc ta gueule vieux con je tousse oui et je t'em ... Et je t'em... tout autant. Je fais exprès de tousser, je continuerai de sortir à poil, moi au moins j'ai des courbes à proposer, belles et chaudes aux mains qui savent les approcher. J'ai pris froid ! et après ! ça ne t'arrive jamais toi, monsieur ! de prendre froid, toi t'es parfait, t'es un dieu, je sais tout, j'ai toujours raison, je fais toujours tout bien..... Allez c'est ça mon vieux ! Bouffe-les tes yaourts taille-fine à zéro pour cent de matière grasse. Allez encore ! un, deux, trois ! comme tous les soirs, t'as raison c'est bon pour le moral, allez Frankie c'est bon, mais regarde-toi gros cochon, tes chairs qui submergent ton mur d'enceinte, alors fais pas chier, laisse-moi tousser. Mais j’irai chez le médecin.


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- Alors, c'était quoi !


- Pas la grippe. C'est entre l'angine et un virus


- Tu lui as dit que tu étais sortie à poil ?


- Pauvre con ! mais elle m'a dit que toi tu avais pu me passer le virus


- Cela m'eût étonné que ce ne fût pas tôt ou tard, ou d'une manière ou d'une autre, que ce ne fût pas de ma faute, tu es vraiment une....


- Ne le dis pas ou je fais le trente neuf dix-neuf Femmes Victime de violences psychologiques, morales


- Fais le donc, je ferai le mien Hommes muselés... 


- Pauvre con


-  Elle t'a donné un sirop au moins ?


- Oui, mais le sirop il est à la pharmacie, j'ai pas eu le courage d'aller à la pharmacie. De toutes manières elle a dit que le sirop ça faisait rien ... Tiens tu tousses toi aussi...                                  




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 6 - Radio impeccable !   

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Gilbert Cramoiseau a ouvert un petit cahier.


 A compter de ce jeudi 26 novembre 2012, il note toutes les remarques insensées, indues, énormes, provocatrices de son épouse Brigitte Cramoiseau. Brigitte ce n'est pas son prénom d'état-civil mais il n'aime pas son prénom d'état-civil. Brigitte c'est le prénom de son premier et véritable amour qu'il eût la délicatesse et l'élégance de ne pas déflorer. Cramoiseau à l'époque était un gentleman.


   Brigitte rentre sous la pluie d'une radio des poumons. Elle traînait au terme d'une sérieuse infection pulmonaire un petit trente-sept huit de fièvre. Elle a téléphoné et sa doctoresse a préféré assurer. Cramoiseau prend l'enveloppe, extrait la radiographie, l'élève à la clarté du jour, feint de la lire par transparence et lui dit goguenard :


- Alors radio impeccable ?


- Exact, confirme Brigitte Cramoiseau. 


Cramoiseau ricane :


- Ah ! ah ! on a donc bien fantasmé on a failli mourir et on est bien vivante ...


  • Excuse-moi chéri la prochaine fois j'essaierai de faire mieux ...


  • Mais enfin madame a une belle image qu'elle va consciencieusement ranger dans l'armoire à glaces de la chambre, quatrième étagère, entre deux paires de draps et qu'elle ne retrouvera plus le jour ou son médecin la lui redemandera.


- Tu sais lui dit Brigitte Cramoiseau, je tousse, je ne me soigne pas, tu me le reproches, je m'en préoccupe, tu te moques ! et je sais que tu me rêves morte ...


- Je plaisantais, je plaisantais ! fait Cramoiseau, qui décide de lui coller un baiser sur le front parce qu'il vient de décider de faire dans le délit de douceur psychologique.


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7 - Une journée anniversaire, Inventaires et Méditations sous un crâne.

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   Cramoiseau s'amuse. Il fait dans le chérie, chérie et dans le baiser sur le front, ça désamorce, ça fait noble. Et les femmes s'y laissent toujours prendre.


Gilbert Cramoiseau entre et allume ce cagibi haut de plafond qui jouxte la salle d'eau en open space. Une espèce de couloir transformé en une penderie avec tringles et porte-manteaux d'où tombent comme des loques serrées les unes contre les autres mais comme fixées pour l'éternité, des hordes et fatras de manteaux, pardessus, vestes, pantalons, cravates, chemises, imperméables.


 Il se fraie un passage, jouant de la tête et des épaules, écartant ces défroques d'un bras, d'une main, arrive dans au bout du couloir qu'éclaire, descendue du plafond, une ampoule nue poussiéreuse et blafarde.


Il tire un tabouret, s'accote aux portes de l'armoire où sont soigneusement rangés les linges de corps, pulls, chandails, chemises, pyjamas, chaussettes et regarde tout autour de lui. Il pense.


Cet amas silencieux, imperturbable, d'oripeaux qui encore sur cette paroi se superpose sur deux tringles, cet ensemble hétéroclite de vêtements achetés, mis, remis, nettoyés, préservés, gardés, ensachés sous des housses pour la plupart,  puis sortis de nouveau pour les grandes occasions ou que l'on ne renfile jamais ou alors que de manière parcimonieuse en prenant soin de ne pas commettre une tache ou un accroc, ces fripes qu'il ne mettra jamais plus et pour certaines d'entre elles qu'il n'a jamais même portées.


 Jean-Gilbert Cramoiseau pense, regarde, cafarde, se lève va vers ces trois porte-manteaux en fil de fer, tend la main et fourrage dans l'opulente chevelure de deux cent vingt-quatre cravates de tous les âges, de toutes les couleurs dont aucune désormais ne coulissera plus sous son col de chemise, qu'il n'arborera jamais plus.


Gilbert Cramoiseau ouvre les portes de l'armoire. Contemple. Il est à des années-lumières des Contemplations de Victor Hugo, des Mémoires d'Outre-tombe de Châteaubriant, des Méditations de Lamartine, des Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, la contemplation de Cramoiseau, il le conçoit, relève d'un quotidien domestique, étriqué, teinté d'un misérabilisme sordidissime. Mais c'est ainsi.


Il contemple ces piles de chemises, ces cravates, son kit chemise-cravate, sa marque qui lui conférait du " monsieur !", qu'il n'enfilera jamais plus. Si ! qu'il extirpera peut-être  deux ou trois fois à l'occasion d'un baptême si cela se fait encore, d'un mariage s'il en est, ou de leurs succédanés, de quelques enterrements dont le sien. 


   D'ailleurs à ce propos le calera t-on dans un suaire après l'avoir habillé mais alors habillé avec costume ou pyjama ? A l'hôpital, son père mort, on lui avait demandé d'apporter un pyjama, lui le revêtira-t-on précisément d'un costume chemise-cravate comme on le faisait jadis. Il avait vu ainsi son oncle reposer chez sa tante, sur le canapé du salon, habillé comme un premier communiant impeccable costume gris, chemise blanche et cravate, boutons de manchettes, une main reposant sur l'autre, un chapelet entortillé entre ses doigts de païen assumé. C'est beau un homme quand il gît mort, le visage apaisé. Un grand moment.


   Et lui ? Peut-être que le costume prévaudra sur le pyjama, peut-être glissera t-on sa momie dans l'un de ces costumes, tiens ! celui-ci il l'aimait bien, lui met-on son petit gilet, et une cravate ? la lilas il aimait bien aussi...


    Cramoiseau depuis quatre ans qu'il a cessé son activité professionnelle il n'a reçu que deux coups de téléphone. L'un lui annonçait la mort d'un collègue, l'autre l'informait du décès de la mère d'une collègue.


Mais l'inventaire n'est pas achevé. 


   Jean-Gilbert Cramoiseau évalue à présent les colonnes de boîtes de chaussures érigées, montant dans l'encoignure du cagibi. Toutes ces chaussures achetées en soldes, qu'il ne chaussera jamais. Puis il descend d'un étage, et dans son salon au rez-de-chaussée, s'installe devant sa bibliothèque aux portes vitrées et là encore la contemple. Les Garnier-Flammarion aux reliures de cuir, les Pléiades-papier-bible, même les volumes de la collection Bouquins, puis ses encyclopédies le Quillet et les Larousse grenats de son grand-père. Il contemple. Il se laisserait aller, une émotion lui étreindrait le cœur. Le patrimoine qu'il a constitué  tout au long de sa vie. L'un de ses seuls véritables plaisirs.


   Pourtant, ces livres, ces collections, ces auteurs dûment choisis, quelques centaines et quelques centaines qu'il ne lira jamais, qui en héritera, qui en bénéficiera, qui en prendra un soin jaloux, les sauvegardera, les perpétuera. Qui ?


Gilbert Cramoiseau descend encore. Dans la cave en terre battue ce sont des murets de journaux, de magazines, de revues qu'il a édifiés au cours des ans et que trempe et imbibe une humidité active, résolue et dévoreuse de papier.


Il aura toute sa vie acheté, découpé, classé, entassé pour qui, pour quoi, ses enfants ne se sont pas intéressés, lui n'a pas eu le temps et aujourd'hui n'aura plus le temps, n'a plus le temps. Et pourquoi, pour n'en rien faire. Sa vie, un non-sens. Un hors-sujet peut-être. Un ratage.


Il aura jeté son argent par les fenêtres, il en aura épuisé de l'énergie, et ce faisant dilapidé sa vie. Jean-Gilbert Cramoiseau a la nausée. Tout ça pour rien, du sol au plafond. Tout une vie pour ça !


   Pourtant, pourtant


Pourtant Jean-Gilbert Cramoiseau est bien décidé en se levant ce vendredi dix-sept à se projeter dans une positive attitude. Dans la salle d'eau il s'essaie à quelques pompes, s'effondre, renonce et se relève. Il se schampouine les cheveux, se savonne, se rase, s'arrache les gencives, s'asperge, se rince, s'essuie, se déodorise, se brumise de l'eau de toilette numéro cinq de chez Chanel par dessus l'après-rasage eau verte de Mennen. Il se sent frais, oui, heureux, heureux ! ? Ah ça alors ! heureux lui ! ? et virevoltant.


Linge propre. Il s'est lavé les pieds. il couche avec ses chaussettes. Il en change. Pantalon puis chemise blanche; y nouant une cravate rouge sur laquelle figure un perroquet vert sur une branche.


Dans la cuisine, devant son bol il trouve un post-it. Sa fille lui a écrit : " La vie n'a pas d'âge, seule la vie en a un ". Il relit trois fois, ne comprend toujours pas mais veut conférer à cet apophtegme une profondeur que lui seul doit être apte à décrypter. 



    Puis sa femme descend à son tour. Lorsque sa femme paraît la tête de Cramoiseau se défait à grands traits. Elle est là sur le seuil de la cuisine, comme à l'accoutumée, blafarde, hirsute, les lèvres pincées, la prunelle fixe, figée dans sa robe de chambre en velours marron, en un mot imbuvable. Le jour de l'anniversaire de Jean-Gilbert Cramoiseau. Il vient d'avaler le fond du bol.


Et la voici qui transgressant les règles non écrites de la maison Cramoiseau qui impliquent que Cramoiseau prenne son petit-déjeuner seul, se fasse chauffer son café, le verse, se beurre une tartine et prenne donc son petit déjeuner devant Cramoiseau, avec Cramoiseau. Il la regarde, froid, sans concession et lui dit : " Ne te souviens-tu pas que le Roi se sustente seul ? "  


   Il se lève, prend son bol, y fait gicler de l'eau, l'essuie, le range et se heurte à sa fille Julie qui vient de vive voix lui souhaiter un bon anniversaire. Alors Irène Cramoiseau repose son bol, se lève à son tour, se compose un sourire. " Je voulais te souhaiter ton anniversaire puis j'ai oublié. Excuse-moi. Bon anniversaire Jean-Gilbert ". Elle lui tend ses lèvres. Elle a les âcres haleines de la nuit que mâtinent les senteurs du café au lait. Il ne lui tend pas sa joue et d'une main lui signifie le seuil qu'elle ne doit pas dépasser. 


- Ah ! non ma chérie pas comme ça s'il te plaît ! Quand on va chez les gens, on s'habille, on se fait beau, à défaut on se fait propre et présentable. Et vous, vous me souhaitez un anniversaire, contrainte, pas lavée, débraillée, décevante comme toujours.


Julie regarde sa mère. Irène Cramoiseau regarde sa fille, se rassoit. Il a vérifié, il se le demandait, rassoit ne prend pas de e. Gilbert Cramoiseau est sorti. Julie remonte dans sa chambre.


No comment. Si ! Jean-Gilbert Cramoiseau ne saura jamais être heureux. Il a toujours eu peur des brises du bonheur.


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8 - Le Beaujolais nouveau est arrivé

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Sylvie Bédochet est épuisée. Il est minuit. L'heure des crimes. Sylvie la fille des Bédochet, l'unique, le must des Bédochet, leur chef-d'oeuvre du moins le clament t-ils . Voire ! mais là n'est pas le sujet .


   Une longue journée de cours à la faculté, une angine persistante, quelques heures d'études encore, l'ont crevée. Elle dodeline de la tête, ferme les yeux, les réouvre, les éteint de nouveau sur l'Histoire des institutions de l'époque franque à la révolution. Mais, mais d'où vient ce bafouillage de bruits, de voix, elle émerge un peu, elle tend l'oreille, depuis quelques instants elle croit percevoir comme des remuements, des couignements, des gémissements provenant de la chambre d'à côté. La chambre des parents. Elle se réveille, se redresse sur sa chaise... elle entend. Elle écoute.


-   Ah... aah... ô... oh ! n... no... noon... pas si v... aie...


Julie comprend soudain. Blêmit, se fige, se raidit.


-   Gr tu me fais mal grr... non pas comme ça ...khrac... carac... ah oui comme ça ... ah ah ah... huhuhu... oh oui ! Encor ...


Alors Sylvie livide sans bruit vient coller l'oreille contre la cloison.


-   Ah ah !... Des voix sourdes ; ... aa... arrête ta fille... va... non ! pas comme ça salaud... aïe... tu fais mal... Sois plus doux ! tu sais que j'aime pas... ô ! ... ouille... ta fille...


-   Mais non ! elle a étudié tard, les portes sont fermées... ma divine, mon cœur d'amande, mes seins chéris, mon grain de riz nappé de coulis pakistanais, je t'aime... je t'en... je t'ai... ah ah ah... je m'enf......


-   Cesse Joseph tu n'es pas digne !


-   Digne ? ! mais de quoi amour de mes mille et une nuits, ma ... adorée, ma Pierrette au pot au lait, ma Sémiramis esclave et reine... mon herbe folle, mon gazon tondu, ma touffe toute à moi, mes monts et merveilles, mon mont de Vénus, ma vallée des larmes, ma croupe d'albâtre, tes pointes érigées, tes chatteries intimes, ah ah ma perle aux coulis vanillés, toi ma Juliette, mon Héloïse, mon Amandine, ma princesse de Clève, ma Suzon, ma Nini ma Ninon, ma Nonon ma Ouiui ma grisette, ma mégane utilitaire...


-   Suffit ! arrête ou je t'en mets une, tu me fais mal, tu me répugnes, tu pues le beaujolais nouveau, tu n'es pas dans ton état normal.


-   Vu-i... hihihi... Cruicrui... humhum... ouiiii tendresse et poésie chérie, comme tu aimes miaou ouh ouh...


Sylvie Bédochet de l'autre côté de la cloison est défaite, folle de rage, malade à vomir, sort de sa chambre entre en force dans la funeste chambre parentale et allume, demeure pétrifiée, ses yeux s'exorbitent, sa bouche reste entrouverte, le corps nu de son père chevauche le corps nu de sa mère. Odeurs, sueurs, relents, remugles, chairs... Sylvie Bédochet défaille, tourne sur elle-même, gémit, tombe, s'évanouit, s'étale sur le parquet.


Joseph Bédochet a extirpé sa queue du conduit maternel. Gisèle Bédochet a sauté du lit, s'accroupit près de sa fille, l'appelle, lui passe la main dans les cheveux, prends ton verre demande Gisèle Bédochet à Joseph son mari et père de l'infante, remplis-le, la bouteille est au chevet du lit. Elle lui verse une goutte sur les lèvres. Sylvie ouvre un œil, la mère lui tend le verre.


-   Tiens, bois, lui dit sa mère, c'est du beaujolais nouveau, le reste de la bouteille que ton père a laissé.


Et l'on entend déjà ronfler le père Joseph sur le lit, qui y est retourné et s’est soudainement  endormi.


-   Il cuve Bédochet. Il n'est pas méchant mais quand il boit, il est amoureux et quand il boit trop il devient bête, il fornique, je suis sa ... 


  • Sa chienne !


  • Tiens laisse-m'en un peu dit Gisèle la mère Bédochet à Sylvie sa fille, lui prenant le verre des mains et s’envoyant la dernière lampée... mais où vas-tu Sylvie, pourquoi ouvres-tu la fenêtre, que fais-tu, Sylvie !... Sylvie !


  Un cri, un hurlement, Sylvie gît dans la nuit disloquée sur le trottoir, dans la rue imperturbablement déserte, une flaque de sang noir ... on dirait vu de haut comme une peinture un Miro, ou une couverture de Détective, un titre : “ Un cadavre dans la nuit .”.


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 “ Drame de l’ivresse à N ***  " affichera  le journal local. Le père et la mère de J *** sous le choc, hébétés ont été hospitalisés poursuit l’article qui conclut;


 " Il semble que le Beaujolais nouveau bu sans modération  soit à l’origine de cette triste histoire, de ce drame familial .


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30 septembre 2013

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9 - Un chien à son balcon


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Elle s'appelle Henriette Bourdin. Elle est retraitée. Elle n'a ni parents, ni proches, ni amis, ni mari, ni enfant. Son mari, jadis, la quitta. Sa solitude, son ennui constituent le cilice qui la brûle, la consume, lui lacère l'âme. 


Pourtant Henriette s'est achetée un animal de compagnie. Un grand chien, un dalmatien blanc avec des taches noires. Il a de la prestance, quand il la regarde, ses grands yeux noirs fixent et impressionnent Henriette. Assis, quand elle s'approche de lui, son muffle lui arrive à la hauteur des seins. Des seins. Elle n’en eut jamais qu’un semblant. Deux tétons noirs surnageant dans leur aréole café au lait, grotesques chacun sur sa coulée de chair. On devrait dire sa coulée de peau.


Quand il sont venus lui livrer l'animal, elle l'a fait installer sur un coin de son balcon qui donne sur la rue. Dès qu'il a été déballé, calé, Henriette l'a savonné à l'eau chaude et rincé à grande eau. Les voisins du dessous n'ont pas été contents, ça pissait dru sur leur balcon. Mais ça ne pouvait être le chien. Elle a eu quelque gêne à passer l'éponge entre les cuisses de l'animal pourtant émasculé et l'a lustré vigoureusement avec une peau de chamois. Puis elle a reculé, regardé le chien, elle était heureuse. Il brillait. Elle s'est penchée et a posé ses lèvres sur sa truffe humide.


C'est un beau chien. Tout en plâtre.


Elle avait anticipé et acheté des bassines en plastique, des litières et des sacs de croquettes. Elle les remplit, les change, les vide, les nettoie trois fois par jour, le matin, le midi, le soir. Toutes ses journées depuis cette acquisition subite sont vouées au bien être de monsieur Le Baron, c'est ainsi qu'elle a baptisé le chien. Selon un protocole mis au point au fil des jours, tôt levée, lavée, en robe de chambre elle paraît sur le balcon, va flatter le museau de Baron, lui donne un baiser au sommet du crâne, le chatouille du bout des doigts sous le cou, dépose à ses pieds la gamelle de croquettes et un bol d'eau. Elle lui souhaite une bonne journée. Elle lui fait : " N'est-ce pas monsieur le Baron !" puis le quitte, referme sa porte-fenêtre et prend son petit déjeuner en le regardant.


    Dès les beaux jours elle laisse la porte-fenêtre ouverte. Ainsi elle sent une plus grande proximité, une belle convivialité.


Elle prend un thé aux biscottes qu'elle beurre délicatement faisant toujours éclater la première, maîtrisant mieux la seconde. Elle rit toujours quand elle regarde les rediffusions de la Cage aux folles avec Jean Poiret et Michel Serrault. Le coup de la biscotte. Ils savaient faire rire ces gens-là. De ses gros orbites noirs, son immense langue rose et pendante, le chien voit le thé de sa maîtresse lui dégouliner aux commissures qu'elle s'essuie du revers de sa longue main maigre. Il attend, patient. Une fois qu'elle a eu pris son petit déjeuner ainsi et rangé sa vaisselle, essuyé sa toile cirée, elle retourne sur le balcon et fait pivoter la bête sur son séant posé sur un paillasson, qui prévient toute salissure du poil, vers la rue afin que monsieur le Baron se divertisse ...


Midi donc. L'on recommence, Elle sert le chien d'abord. Elle commence par enlever les récipients du matin souvent pleins encore qu'elle vide, nettoie, essuie et garnit de nouveau d'une nourriture différente. C'est recommandé. Il faut à monsieur le Baron des repas équilibrés. Elle lui sourit, lui tapote le crâne et lui souhaite un bon appétit. " Allez, il faut manger le chien, mangez monsieur le Baron ". Puis elle rentre préparer son déjeuner. A quatre heures Henriette Bourdin se reprend un thé accompagné de trois Petits Beurres-Lu. Mais monsieur le Baron, quant à lui, n’a droit qu'au renouvellement de son eau. A dix huit heures réitération de la démarche du midi. Elle sert monsieur le chien, lui laisse pendant qu'elle prépare son propre dîner le temps d’apprécier le sien puis le débarrasse de ses bassines, gamelle et bol qu'elle nettoie, essuie et range dans son placard à balai, enfin revient cette fois lui faire la toilette du soir. Avec une brosse elle lui lustre vigoureusement le poil, lui caresse les flancs, lui baise la truffe qui lui paraît toujours humide et lui dit :


- Alors, monsieur le Baron a passé une bonne journée, eh bien on va passer une bonne nuit maintenant, n'est-ce pas ? ".


Quand les premiers froids apparaissent, commencent à piquer, Henriette compatit : " Ah, monsieur le Baron est glacé ce matin, il aura eu froid, il aura mal dormi, ce soir grand-maman vous enveloppera dans sa belle couverture écossaise". Et le soir venu Henriette couvre monsieur le Baron de sa belle couverture écossaise.


Henriette Bourdin vivait, lui semblait-il, un peu plus heureusement depuis que monsieur le Baron vivait avec elle. Mais un jour la ronde quotidienne des bassines, des gamelles, des bols, des litières et la brosse à reluire - encore heureux qu'elle n'eût pas le chien à sortir trois fois par jour ! - l'épuisant commença à l'énerver. Elle se disait que c'était un peu le mythe de Sisyphe, elle était cultivée - et qu'après tout ceci ressortissait à une pathologie grave. Car enfin s'agiter ainsi à longueur de journée autour de ce qui n'était qu'un morceau de plâtre moulé, façonné, coloré, laqué, était tout bonnement ridicule.


Ainsi pensait-elle depuis quelque temps lors de ses insomnies qui s'accroissaient de nuit en nuit. Alors elle déculpabilisait en se disant qu'il y en avait tant d'autres qui fantasmaient sur des nains de jardin. 


   C'est alors que des fièvres nouvelles, ardentes et étranges vinrent la troubler, l'assaillir, lui suggérant qu'un vrai petit chien à poils longs, qu'une petite boule de chair vivante, soyeuse et tendre, pourrait venir agacer heureusement par de singuliers lapements sur le rivage de ses tréfonds intimes, le creux de son ventre.


     Un jour elle rentra avec un petit chien à poils longs, une petite boule de chair vivante, chaude et soyeuse. Elle rentra monsieur le Baron dans le séjour qu'elle parvint à faire glisser dans un grand sac poubelle noir parce qu'elle était bien organisée et ne voulait pas de saletés. Alors avec une force nerveuse, à coups de marteau bien assénés elle  cassa la tête de monsieur le Baron et méthodiquement lui brisa son corps de céramique, et monsieur le Baron ne fut plus qu'un amas d'éclats, de gravats qui gît dans le linceul-poubelle qu'Henriette Bourdin s'empressa de descendre dans le local idoine.


     Le petit chien gémissait déjà lorsqu'elle remonta. Elle se mit au lit le soir même avec lui. C'était la première fois qu'elle éprouvait une douce chaleur au creux de son ventre. Son corps se détendit, ses jambes s'ouvrirent et le petit chien sous le drap vint se lover au creux de ses cuisses qui s'épanouirent, une petite langue vint y laper un coulis nouveau. Le corps d'Henriette Bourdin vacilla, ses lèvres sourirent. 


   Elle n'avait jamais si bien dormi.

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   rec le ma1102013

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11 - Crime parfait

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Je vous le dis. En vérité, je vous le dis. Il y a prescription. J'ai soixante cinq ans. Ma vie s'achève. Et je vis le sursis qui m'est accordé puisqu'en l'instant où j'écris ces lignes, et si l'on doit se fier aux derniers résultats d'analyse, je ne suis exposé à moyen terme, ni à un cancer du colon, ni a un cancer de la prostate, je vis ce sursis comme le sas d'entrée en enfer. Pourquoi en enfer, parce que si vous ne savez pas ce qu'a été ma vie moi je le sais. Alors pour moi il n'y aura pas de purgatoire. L'enfer tout de suite.


Le passé me revient tout en vrac, soudain, m'envahit désormais, me hante, me possède et me colle à la peau comme la tunique de Nessus.


Je suis célibataire, pas de femme, pas d'enfant. Je ne sors plus. Une femme, j'ai failli en avoir une, puis deux, puis trois. Mais la femme dont je vous parle c'est la femme, la vraie, celle que j'ai aimée d'amour. Le vrai. Ce n'était pas un amour fou, c'était l'amour, le vrai. Qu'est-ce que le vrai. Je n'en sais rien. J'avais vingt deux ans. Elle avait vingt deux ans. J'aimais sa chevelure, son sourire et ses lèvres, son parfum et son pubis rasé qui piquait lorsque le bout des doigts l'effleurait. Mais je me dois de respecter quelque décence. 


   J'étais employé dans un service mécanographique. Evidemment, puisque ça date. Elle était employée aux écritures dans la même entreprise. On s'est croisé dans les locaux un matin. Dans l'escalier qui allait du rez-de-chaussée au sous-sol. Je descendais. Elle montait de l'imprimerie étreignant une liasse encombrante de circulaires. Elle a levé les yeux vers moi. J'ai dû la troubler gravement. Elle a tout lâché d'un coup. Il y a eu un bel envol de feuilles blanches qui après s'être complu dans de jolies et courtes arabesques se sont éparpillées sur toutes les marches. Je me suis baissé et l'ai aidée à ramasser, nos yeux se sont croisés, nos joues se sont frôlées. Chacun a dû rosir un peu. C'est comme ça que nous sommes tombés amoureux. C'est elle qui de son bureau m'a appelé, moi j'étais très timide. " Vous voudriez passer une soirée cinéma avec moi " J'ai répondu oui. C'est ainsi que l'on a commencé à se fréquenter. C'est comme ça que l'on disait à l'époque. On était à la veille de mai soixante huit. Elle s'appelait Apolline. Elle m'a dit : " Avec un p ". Je l'ai regardée. Ah ! bon. Je n'ai pas compris pourquoi elle m'avait dit ça. 


     Un soir nous sommes allés au cinéma voir les Canons de Navaronne, non ça les Canons de Navarrone ce fût plus tard avec une autre, une Françoise, celle-là elle m'avait fait tout un scénario pendant la séance. Elle avait enlevé ses boucles d'oreille, puis donner sa langue. Elle était bonne d'ailleurs, mais je m'égare et je reviens à Apolline. Apolline ce soir là s'était étonnée que je ne connusse pas Colette, du moins que je parusse ne point la connaître. Comment tu ne connais pas Colette ! s'était-elle exclamée avec sa voix flûtée. J'avais été vexé.


Un soir, c'était en août. Apolline et moi cheminions  le long du quai désert au bord du fleuve. L'air était doux et sentait bon le sable chaud. J'était allé le matin même chez le coiffeur. J'avais le cheveu très court, presque ras. J'avait fait mon service dans les parachutistes après que toute mon adolescence durant ma mère m'emmenant chez le coiffeur me faisait littéralement rasé. 


   Elle n'a pas aimé du tout. " Pourquoi as-tu fait ça ? " m'a-t-elle questionné, sévère. Donc ma tête ne lui revenait pas et ça la gênait de s'afficher avec une boule à zéro ! J'aimais bien pour ma part passer ma main sur ses seins ronds et bien agréables. Je pouvais comprendre son désagrément, son irritation même de ne pouvoir passer sa main dans mes cheveux.


    J'avais aussi pu constater, du moins au toucher - elle m'avait assez vite autorisé à glisser ma main sous sa jupe et sous son slip - qu'elle se rasait la chatte, à l'époque ce n'est pas un mot que l'on osait dire, autrement dit elle se rasait le pubis et avait le poil dru quand il repoussait. 


   Mon cœur ne lui était donc qu'accessoire me dis-je. Elle ne m'aimait pas, me désirait, c'était sexuel chez elle. Elle m'avait déjà bien contrarié avec Colette ce soir-là. Je suis même certain que j'ai connu Colette bien avant elle. Elle prit ma non réponse par défaut ou mon indifférence du moment pour une ignorance crasse et me prit pour un illettré. 


    Ce soir elle m'entreprenait sur un nouveau chapitre de notre relation, elle n'aimait pas les cheveux courts. A l'époque les cheveux courts pour les garçons n'étaient pas mode du tout. Elle m'a vexé de nouveau, elle venait de nouveau de m'humilier. Je l'aimais mais ça commençait à bien faire. Alors je lui ai proposé de prolonger la promenade et l'ai emmenée jusqu'au bord du quai sur le port. Il était bien vingt trois heures, la lune était haute et plaine et s'alanguissait en se coulant sur le fleuve.


Je n'ai jamais trop su ce qui s'était passé. L'on marchait le long du quai épaule contre épaule. Nous nous étions soudain enfoncés dans un silence malheureux, peiné que nous ne parvenions pas à rompre. Elle était côté fleuve, vraiment au bord du quai. A un moment, je me suis écarté d'elle pour bien la regarder pour lui dire, captant son regard, avec mes yeux : " Apolline, pourquoi m'as tu fais ça ? mes cheveux vont repousser je te promets que je ne recommencerai plus ". Elle était au bord du quai, je me suis avancé vers elle, je voulais la prendre contre moi, je l'aimais, elle a reculé, j'ai eu peur j'ai dit Apolline ! elle s'est reculée encore et c'est là qu'elle est tombée dans le vide, dans le fleuve.         Elle a crié, j'ai vu ses yeux effarés, ses jambes sous sa jupe, un bruit, le corps qui bute dans l'eau avant de s'y enfoncer, qui fait plouf, un geyser. Il y a eu des remous. J'aurais pu plonger. J'ai crié, j'ai fait des gestes avec les bras. Elle coulait, remontait, dérivait. J'ai eu peur. Il n'y avait personne alentour. Je paniquais, elle montait, remontait puis a coulé emportée loin déjà.


 Je n'ai pas plongé. C'eût été insensé dans ce grand fleuve noir et rapide. J'ai regardé autour de moi, personne, j'ai attendu, personne, le fleuve poursuivait sa route vers l'estuaire. Je suis quand même allé au milieu de la chaussée arrêter une voiture j'ai dit faut appeler les pompiers y'a quelqu'un qui est tombé à l'eau, ça été long nous n'avions pas de téléphone portable à l'époque. 


   Les pompiers ont tardé, puis le temps qu'ils trouvent l'endroit pour mettre leur canot à l'eau et faire une virée pour la forme sous la lune, Apolline était loin et morte depuis longtemps, ils ont retrouvé son corps dans les roseaux trois kilomètres plus loin deux jours après. La police m'a interrogé, je n'ai rien nié, j'ai tout raconté, il m'ont interrogé cinq fois, mon crâne rasé les agaçait, un policier m'a dit avec la gueule que tu as à l'âge que tu as tu aurais dû plonger si tu dis que tu ne l'as pas poussée.  J'ai répondu je ne sais pas nager. Il m'a dit je ne te crois pas. Il avait raison je sais nager et j'ai précisément appris à nager dans ce fleuve. Ils ont fini par me relâcher.


Je l'aime encore, c'est la seule femme que j'ai aimée.


 Elle n'avait qu'à pas reculer. Elle n'aurait pas dû me vexer. 


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Le jeudi 3 octobre, le lundi 7 octobre 2013

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12 - Le poil, Courbet et la boulangère


Il est midi. La mauvaise heure pour aller acheter son pain. Il faut faire la queue. La queue est longue et serpente à présent sur le trottoir. Lucien Bénichou s'y colle, fâché de ne s'être pas muni d'un " Poche " qui l'aurait aidé à tromper son attente. Mais les dieux du quotidien font souvent bien les choses. Dans la boulangerie sur une tablette jouxtant la caisse il vise un empilement de magazines publicitaires promouvant les commerces du centre-ville.


Il se détache de la file, va prendre un exemplaire et feuillette l'opuscule aux pages glacées, édition spéciale " Printemps ". Distraitement Lucien Bénichou parcourt quelques pages, quelques lignes puis revient deux pages en arrière. Un titre d'article l'accroché : " Le poil ". 


   Il poursuit " Le poil pour ou contre ? ". Il lit :


    " Les femmes le traquent quand les hommes l'arborent avec fierté. Pourtant la mode déplace les frontières, bouscule les codes de la séduction et la question reste pendante. Le poil, pour ou contre ? Ainsi les adeptes du beau et d'un certain puritanisme prônent l'imberbe. Le poil tabou en matière de beauté que les femmes traqueraient..." 


   Lucien Bénichou sourit, il a maintenant pris pied dans la boulangerie et poursuit sa lecture ; "... mais plus qu'une question de sexe, le poil est affaire de sexualité. Et dans ce domaine si riche en fantasme, les principes s'affrontent, la religion, l'esthétique, ou la science en discutent. 

   Les scientifiques sont pour le poil qui nous protègent du froid et le poil dans le nez constitue le filtre contre la poussière. Le poil dissuade les insectes d'explorations inopportunes. Quant à eux les sexologues disent que le poil reste le symbole...".


Lucien Bénichou, lève la tête, son tour est presque arrivé. "... de la féminité et le meilleur vecteur d'attirance et l'emblème de la virilité chez l'homme..."


- Et pour vous, monsieur Bénichou, un pain polka comme d'habitude...


Il la regarde la boulangère, grande, souriante, elle s'appelle Cynthie. Bénichou aime ces prénoms à l'antique, Cynthia si chère à Properce, mais le sait-elle au moins. Bénichou la voix claire et sonore questionne Cynthie qu'il appelle Cynthia.


- Le poil, vous avez lu ?


Bénichou lui brandit le magazine, lui pointe de l'index l'article sous le nez.


- Là ! vous voyez, vous lisez ! le poil...


Cynthie la boulangère regarde tout à la fois sans la voir la page et la figure euphorique de Bénichou, et demeure abasourdie, ne comprenant pas tout. Le pain polka attend et la queue s'allonge sur le trottoir.


- C'est un article sur le poil, vous êtes pour ou contre ? pour ou contre le port du poil ?


La boulangère cette fois rougit d'un coup, pince les lèvres. Il y a un grand silence dans la boulangerie, comme le signe pesant d'une grave désapprobation collective.  Lucien Bénichou a éteint son sourire. Il sent que quelque chose ne passe pas, son humour peut-être. Il se croyait drôle, léger. On le perçoit grossier, vulgaire et lourd. Cynthie est livide maintenant. Elle se décide, va lui prendre dans la niche le pain polka et le lui tend.


- Voyons Cynthia, vous avez compris au moins que je plaisantais. Le poil ! c'est écrit- là !... c'est pas une fantaisie de ma part. D'ailleurs pour tout vous dire, ça m'inspire, dès que je le pourrai je me rendrai au musée des Beaux-arts et je me camperai devant " L'origine du monde " de Courbet. Cynthia, Courbet vous connaissez ?


Cynthie a toujours son pain polka à la main.


- oui, bien sûr Julien...


- ...


- Julien ?


- Julien Courbet l'animateur de TF1 dans " Combien ça coûte..."


- Ah ! non fait une voix dans la queue, Combien ça coûte, c'est Jean-Pierre Pernaud.


- Il y a du monde monsieur Bénichou !


Bénichou touche les doigts de Cynthie - Ruy Blas à la Reine ; Je n'oserais toucher le bout de votre doigt et vous m'éblouissez comme un ange qu'on voit -  en lui donnant les pièces. Têtu, il veut conclure, il ne peut déchoir.


- Et pour en finir avec le poil, quand vous verrez " L'origine du monde " vous comprendrez et tomberez à la renverse !


Lucien Bénichou se retourne vers la queue qui bout dans des frémissements de jacquerie... il y a quand même bien ici des messieurs dames qui comprendront. Bénichou finit par saisir son pain et sort en passant devant le queue qui le vrille de regards étonnés, méchants, haineux. " Jamais vu un vieux con pareil " sussure une jeune con à ba rbe dans la file. Il est l'heure de passer à table. Les nouilles seront trop cuites. L'omelette sèche, les frites refroidissent. Une voix de bonne femme aigrelette comme il sied s'exclame grinçante :


- Ma pauvre que voulez-vous y'a plus que de vieux cinglés maintenant sur la terre et ça viole à tous vents. Méfiez-vous mademoiselle Cyndie. Des pervers comme ça, ça peut vous attendre au coin de la rue. Y'a pas que les Winstein, Epstein, Preynat et autres vicieux. 

Cynthia a remis la file en mouvement. Elle seule sait qu'elle tient un blog sur un site internet pour adulte sur lequel elle exprime ses fantasmes, s'affiche, s'exhibe, s'ouvre, jette sa chatte à la concupiscence des voyeurs. Elle a intitulé son blog : " La petite pute du soixante-neuf " qu'elle a introduit et présenté ainsi : " Ils disent que je suis une pute alors ne les décevons pas, feignons de l'être ".


La vieille dame en rajoute : " A qui aujourd'hui peut-on donner le bon dieu sans confession, cet homme pourtant faisait bonne impression, somme toute, un vicieux, un vieux cochon, un vieux fou, méfiez-vous Cynthie le viol est désormais au coin de la rue fait la bonne femme sentencieuse.

 ".


Elle les connaît bien Cynthia les vieux cochons sur la toile. Ils frappent par centaines à la porte de son blog. Il faut dire qu'elle y met de sa personne pour les provoquer.


Le coup de feu est passé. La clientèle s'est espacée. Cynthia se tourne vers la stagiaire et lui dit :


- Non, mais tu as entendu tout ce qu'il m'a sorti le vieux ! Je t'assure que le patron je vais lui en parler. Il a de la chance que c'est un bon client, qu'il nous achète tous les matins pour cinq euros de viennoiseries mais c'est un malade ce type, la vieille d'ailleurs l'a dit c'est un vicieux, un obsédé. Il m'a toute chamboulée.


Cynthia se relisse la mèche sur le front et remet droit un bouquet de baguettes en désordre.


- Tiens, voilà ton pain polka dit Lucien Bénichou en le tendant à sa femme Lucette ...un euro et trois centimes.


- Bien, mets le dans la huche à pain. 


   Madame, Pierrette la femme de Bénchou est très Petit Chaperon rouge, comprenne qui pourra.


Bénichou s'exécute lorsqu'il se met soudain à rire. " Mais c'est pas vrai chérie, regarde ce pain la bobine qu'il a... tout mou, qui se recroqueville, qui se ratatine du haut... je ne croyais pas si bien le lui dire à Cynthia."


- Heureusement que c'est toi qui l'as acheté. Elle t'a refilé du pain recuit et rassis et puis arrête avec tes plaisanteries salaces.


- Comment mes plaisanteries salaces, mais tu sais ce que je lui ai dit, moi, à la boulangère ? Je lui ai dit :


    " C'est ça que vous me donnez aujourd'hui, ce morceau de pain sans vie, flasque... madame, vous appelez ça du pain ! mais madame, moi, du pain ! c'est du pain banc, long, gonflé d'envie, qui jouit de sa pâte, qui se pâme sous la poigne profonde et féconde et moite du mâle qui la malaxe et la pétrit lorsqu'elle est encore chaude et odorante. 


     Car, madame, le pain, l'on ne vient pas vous l'acheter, l'on vient le quérir, d'ailleurs, ne me dis-tu pas Lucette : " Chéri, veux-tu aller quérir un pain ". 


    Et prenant une respiration, allant à la ligne, j'ai poursuivi - je précise qu'une queue se formait derrière moi - le pain, madame, c'est une œuvre, une senteur, une chair de femme épanouie qui s'alanguit, qui s'amollit, qui s'offre, qui s'attendrit. Des dents s'y enfonceront, s'y perdront et des lèvres humaines rêveront de la baiser, oui madame de la baiser ! de baiser la chair de votre pain ". 


   Et je continuais : " Le pain c'est madame, c'est une femme qui a du sexe et de la conversation que les narines tout en frémissant de leurs ailes hument. Un pain bien cuit c'est chaud, tendre comme un pubis, Oh oui ! Cynthia, oui je vous vois, mais vous pouvez, rougissez ! j'en suis la cause. Enfin la cause par un effet collatéral du pain que vous me vendez et qui manque à sa réputation. 


   Mais tant mieux. Mes mots vous émoustillent, des chaleurs vous montent, des fièvres vous prennent... Puis me reprenant ; Enfin, madame, ce pain que vous m'enveloppez, cette pâte de bas étage que je qualifierai d'indolore, sachez qu'il me coupe déjà l'appétit, qu'elle me pèse sur l'estomac qui la réfute .


Lucette avait depuis un moment lâché un torchon et écouté les déclamations de Bénichou les bras croisés.


- Et tu lui as dit tout ça !


- Parfaitement


- Et elle ne t'a pas jeté dehors ?


- La preuve !


- La preuve ?


  • La preuve je suis là et tu as le pain.


- Mais tu lui a pris le pain, ce pain tout mou ...


- Nous n'en aurions pas eu pour le déjeuner, elle n'avait que celui-ci


- Cette pâte indolore


- Effets de rhétorique, figure de style. Elle et sa petite collègue en sont restées bouche bée. L'on n'entendait pas une mouche voler. Je te dis que lorsque je suis sorti il avait une queue sur le trottoir, une sacrée queue.


- Tu m'étonnes !


- Ah tiens, je t'ai apporté une revue, tu liras, il y a un article intéressant sur le poil.


- Sur quoi ?


- Sur le poil.


- Tu es vraiment un grand obsédé !






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15 - L'hôtesse de caisse


L'homme doit avoir trente cinq ans. Maniant sa perche râteau caoutchouc, il lave à coups de grands balancements d'essuie-glaces, la devanture d'une blanchisserie. 


   Il s'appelle Antoine Lemaréchal et pense à ce que sa fille de douze ans leur a raconté hier soir à table. Papa, il y a Moura qui m'a demandé au collège ce que faisait mon père. Je lui ai dit que tu travaillais dans une entreprise de services. Elle m'a dit : mais il fait quoi ? c'est quoi des services. Je n'ai pas su lui répondre. Alors elle m'a dit :


- " S'il travaille ton père, il fait bien quelque chose !."


   Alors y'a une copine à Moura qui est arrivée, qui a entendu, c'est Agathe et elle m'a dit :

 

- " Bon allez ! dis le ! ton père il nettoie les chiottes des entreprises.


-  C'est ça papa, tu nettoies les chiottes dans les entreprises ?


Antoine Lemaréchal a pâli et c'est Cécile Lemaréchal son épouse qui intervient.


- Et les parents de tes copines ils font quoi ?


- Le père de Moura il est agent municipal.


- Ah ! bon il est quoi, il fait quoi ?


- Je crois qu'il est dans les services techniques, il entre les poubelles de la mairie après le passage des bennes à ordures,  puis il les ressort le soir pour le lendemain de passages.


- Eh bien ton père ma chérie, dis-le lui Antoine, il est 



technicien de surface. C'est à dire qu'il est responsable de la propreté des entreprises. Et le père de Moura, je vais te dire ma fille, s'il rentre et sort les pubelles c'est que lui aussi il nettoie aussi il nettoie les chiootes de la mairie, mais lui il les nettoie, ton papa il ne le les nettoie pas, ton papa il les fait nettoyer par quelqu'un comme si ce quelqu'un c'était lepère de Moura..


- Ah ! tu crois maman, c'est vrai papa ?


- C'est-à-dire Chérie, c'est pas...


- Antoine ! tu t'occupes bien de la propreté des entreprises... non ?!


- Oui mais...


- Ma fille, ton père est chargé de la propreté des entreprises, tu as compris ?


- Oui maman, et toi chez Auchan tu fais quoi, t'es caissière ?


- Non ma chérie, je suis hôtesse de caisse. C'est écrit sur mon badge. " Cécile - hôtesse de caisse ". J'enregistre le prix des articles, j'encaisse les chèques, je rends la monnaie. Je suis responsable de caisse. C'est moi qui compte les sous, qui rend la monnaie, qui vérifie les chèques.







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13. Un quartier de lune


     La fenêtre de la chambre était ouverte sur la nuit, la lune là-haut en son premier quartier, d'une éblouissante blancheur arctique, ouvrit une paupière lorsqu'elle la vit entrer et marcher le pas ailé sur le rais qu'elle lui déployait sur le parquet ciré et lui sourit...


   Elle entra dans son petit cabinet, toute habillée et suante de sa journée, se défeuilla, dentelle après dentelle, chichi après chichi, tandis que Christine and the Queens se désarticulait se prenant pour le mime Marceau, et éructait croyant chanter. Un courant d'air sauta dans le petit cabinet, vif et capricieux claqua la porte qu'elle avait laissée ouverte derrière elle, et d'un tourbillon rapide et sans appel la dénuda. 


   Elle fut d'un coup nue telle Vénus sortant des eaux, rose, les seins gonflés et pointant, et se regardant dans sa psyché, troublée elle laissa ses longues mains peau d'albâtre effleurer ses courbes et ses satins et eut la sensation de polir ainsi sa pleine nudité, blanche, étrange, droite et sculpturale, et soudain dans un vertige se crut et se prit pour l'autre quartier de lune alors secouant sa lourde crinière baudelairienne fauve, elle l'aviva d'un geste ample .


     Elle était trop belle, sublime même, en cet instant là de lumineux vertige n'était plus plus qu'un ange, n'était-elle pas cet autre quartier de lune que sans nul doute celui du haut attendait. Elle bondit sur le rebord de la fenêtre se haussa sur la pointe d'un pied, lança son bras, tendit sa main vers la pointe basse du premier quartier de la lune qui lui sembla glisser doucement, descendant vers elle pour l'aider à prendre pieds... D'un couo de pied elle sauta elle déploya ses ailes ...


    Elle sauta, mais ce n'était qu'un rêve, ses bras n'étaient pas des ailes, la lune s'en fichait d'elle ce n'était que son rayon qui nimbait son petit cabinet, la lune feignait de la voir mais ne la regardait pas ...


    Mais il était trop tard quand le rêve s'éteignit elle avait sauté, la lune demeurait dans le ciel et la belle n'y put s'accrocher, la lune qu'y ouvait-elle et la belle s'écrasa, parce que la belle n'était pas un ange ni l'autre quartier d'orange l'autre quartier de lune, la belle s'éclata sur la pierre et la lune qui ne vit plus sur la pierre immaculée dans le rais qu'elle avait déroulé, que l'étoile rouge fracassée, éparpillée d'une beauté sublime, qui s'était crue un ange.


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Mardi 3 novembre 2015; Nouvelle inspirée par un texte de Paul Eluard " Toilette " dans l'ensemble " Donner à voir ".Irène ce n'est pas son prénom d'état-civil mais il n'aime pas son prénom d'état-civil. Irène c'est le prénom de son premier et véritable amour

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. Enterrements ( 2014 )


Georges Clooney, ce fameux acteur américain emblème du non moins fameux " What Else ? " a enterré sa vie de garçon. Félix Martin comme l'âne - Félix ccontinue de maudire son père et sa mère dont les os résident dans la concession familiale, mais c'est le prénom de son père - lui n'a plus a se marier il a été servi, femme, enfants petits -enfants mais que ces derniers vguent de leurs propres ailes, s'ils ont des problèmes qu'ils les gèrent et surtout ne viennt pas les lui gémir au témléphone. 


   Félix a amplement dépassé la limite du seuil au-delà duquel son ticket n'est plus valable, d'ailleurs il ne sait même plus ce qu'il a fait de son ticket, en outre maintenant il est entré dans une autre catégorie celle des denrées qui ont certes dépassé la date de péremption mais auxquelles l'on accorde encore quelque sursis avant de les jeter dans la tombe.


   Et voilà qu'il se dit mais après tout pourquuoi ne procèderais-je pas à l'enterrement de ma vie tout court indépendamment du fait que la mort elle viendra m'enterrer. Avant de me pacser avec elle, d'autant qu'elle peut surgir à tout moment sans prévenir, l'accident de voiture, cardio-vaculaire, on peut tout imaginer 


   Oui parce qu'enterrer sa vie de garçon c'est enterrer sa vie d'homme qu'est-ce qu'une vie d'homme si ce n'est une vie de garçon . 


    Mais Félix Martin lui ne veut pas de soirée et nuit guelarde sur fond de la digue du cil avec une vingtaine de braillaird il veut une nuit d'ivresses amoureuses, et orgiaques avec des femmes, des femmes des femmes, il veut une nuit de préliminaires, de caresses, de doigtés de bouches et langues éprises, de seins sucés mordus et avalés, 


    Et peut-^tre dans un e extase soudaint passer de vie à trépas, lorsd'une pamîso ultime 


  Voilà ce que raconte dans son journal Intime Félix M Mais il lève la plume, visse le capuchon , referme son jjourna de chattes et de fesses ouvertes, fesses ouvertes,


     Félix Martin est un grans solitaire, il doit achever ses préparatifs, il s'apprête à partir pour le Japon et une randonnée sur le mont Ontake. Il reprendra ses réflexions sur les modalités fantasmatiques de l'enterrement de sa vie de garçon à son retour.


    Mais après tout randonner à douze mille kilomètres de chez lui, y plantant toute sa faille pendant trois semains j'ai l'absolue nécessité psychique de faire un brak a t-il déclaré à sa femme une fois qu'il a eu tout bien préparé, papiers, visa, vaccins et autres ... N'est-ce pas à soixante dix-ans une manière de mettre un point final à sa vie d'homme avant même que la mort ne vous emporte aux termes peut-^tre de régressions invalidantes et invalidantes multiples, regarde Brigitte Bardot et lui ait, troubles vagaux démyelinations diverses n'est-il pas temps de jouir avec les bons restes qui lui restent de jouir un peut de la vie jouir jouir c'est vite et hardiment dit puisque du côté d'une certaine forme de jouissance il ne pleut plsu plus de prostate ???


   Félix Martin ne connaîtra pas cette félicité, il est mort le lendemain de la mort de Jean-Jacques Pauvert, l'éditeur d'Histoir d'Ô et de l'ouvre intégrale du Marquis de Sade, survenue à quatre-vingt huit ans consécutive à un troisième accident vasculaire, mort le jour du quatre-vingtième anniversaire de Brigitte Bardot qui désormais se déplace avec une canne ou au bras d'un aide-soignant. 


   Le 27 septembre 2014 randonnait avec quelques dizaines de touristes sur les pentes du mont Ontake quand vers midi celui-ci se mit à érupter assommant de son souffle et de ses éclats de roches et enselevissant en les cuisant d'un coup quelques pantins surpris dont Félix Martin .



Lundi 29 septembre Dimache 28 septembre 2014  

Brouilons - Reprises de manuscrits 


Là à trente trois ans, marié, séparé et avec un enfant


Il entra dans le parc des Dryades et alla s'alonnger sur un talus herbeux tapissé d'aiguilles dans une senteur de pins. Puis tourmenté,instable il se releva et décida de se payer quelque crêpe et galette 


- Vous prendrez quelque chose monsieur ? Il sursauta. La serveuse était jeune, jolie, patiente. Elle prit la commade, il la suivit des yeux, et fut surpris de lui voir les jambes si blanches pour une filles du bord e mer, mais l'essentiel n'était -il pas qu'elles les avait longue, et bien proportionnées sans déformations apparntes. 


   Elle était déjà de retour. Il lui captal e regard auquel elle répondit par ue fraction d'accroche et alors qu'elle lui enlvait son couvert pour mieux disposer la tasse d capé il crut voir que ses joue s s'était empourptrés 


   Alors tout un moment il suivit les allées et venues de la serveuse qui n'eut aucun rgrd pour lui bien qu'il fût convaincu qu'elle se savait déshabiller par son regrd ce qu'il n'aurait pas noié. Mais elle devait en avoir la l'habitude de cet effeuoillafe quoitidient au point que l'on pût imaginer que parfois ça lui faisit courant d'air et apportait quelque fluxion de poitrine 


  Mademoiselle puis-je avoir l'addition. Je vous l'apporte elle lui apporta il eut un cou de cour, c'est lui qui rougit cette fois troublké embarrassé, g^né elle avait une alliance après tout il avait toujours la sienne.


  Il lui tendit un biullet elle lui rendit la monnaie et le regarda et lui sourit mais ne lui dit mot, repartit et lui rejoignit la plage,, s'y installa, s'y allongeau s'y fit brûler. 


   Il n'y tînt plus et alla se tremper dans l'eau fraîche. Puis rpartit s'étensre alla se tremper une dernière fois puis l'heure approchant se rhabilla se mit en marche et à dix-huit heures prit son car pour le retour aussi

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Il y a des fondamentaux dans la vie. Un fondamental c'est un passage obligé, c'est un incontournable, ça emplit et oblige nos journées, mais il faut gérer ces incontournables sion vos journées dégénère dans le n'importe quoi, le non-sens, 


   Par exemple vous vous mouchez avec quoi je n'ai pas dit avec qui ? Moi c'est simple la fièvre rôde. J'ai senti ce coup de froid qui m'a traversé le corps lorsque j'ai traversé le pont balayé par un vent d'Ouest. Je la sent lonter la fiè-vre, j'ai un gros rhume ou une petite grippe


   Quand je sens venir l'étrenuement je me pince le nez je l'ai lu mais quand monte les morves je suis bien contraint de lâcher les narines et d'accompagner le flux qui souvent jaillit déborde, dans la rue je tourne la tête vers le mur pince une narine et d'un souyffle je jette le truc par terre...Ce n'est pas pire que la pisse du chien 


   Chez moi je cours m'emparer d'un kleenex et plutôt



   Mardi 6 octobre 2009 Mercredi 20 avril 2011 d'une feuille de sopalin plus robuste qu'un ? 


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Christine Ockrent est tombée amoureuse de Kouchner, Laurence Ferrari est tombé amoureuse de Capuçon, Audrey Pulvar se fit avoir par Arandu Montebourg comme François Hollande présidentiable vraisemblable se laissa séduire par Valérie Trieweiller mais élu il prit sa revanche et l'éjecta, Marie Drucker hésita entre un grand comique qui un peu plus tard allit forniquer une sous princesse qu'il engrossa puis qu'il quiita il eut ainsi le beuuure la notoriée et l'argent du beuure j'ai forniqué avec une princesse, François Braoin tomba amoureux d'une comique et actrise respectalb


    J'attends que l'un d'entre les ou l'une de leur congénère tombe amoureuse d'un éboueur, d'un syndicaliste, d'un gilet jaune , d'un sdf, pas beau, pas compétent, pas classe, pas respectable, pas digne, pas classe


    J'attends que 'l'un d'entre eux tombe amoureux d'une hôtesse de caisse, d'un e technicienne de surface, 



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27/01/2020 -


   Ils ne sont pas sortis de la journée. Ils ne se sont pas vus de la journée. Ils ont sauté le repas de midi. Chacun s'est cloîtré dans sa pièce.  Lui le père est retraité. Il ne fit rien puisqu'il est retraité. C'est pourquoi l'on peut dire que le retraité c'est comme un gros vin rouge qui tache. Sors ça te fera du bien et plus l'on le conseil, plus on le harcèle de compassions divers, plus il entre sa tête dans ses épaules, plus il devient sourd, plus il s'enfonce dans son fauteuil


   Il ne se réveille, ne s'éveille, ne se ravivre que devant son écran d'ordianteur. Il y blogue des mots, il croit y raconter des histoires, il scrute le fond des chattes sur les sites porno.


   Elle, la fille la dernière, vingt-deux ans, master en droit de la concurrence et de la consommation, étudie. 


    Il s'est quand même secoué, il faut quand même manger, ça occupe. Il prépare une soup au vermicelle. La soupe au vermicelle c'est sa marotte. Très siuvent le soir il s'en met une plâtrée dans son assiette creuse. Puis jambon, fromage.


   Il est au rez-de-chaussée, elle est au premier. " A table ! " Il a servi, il est assis. Elle entre dans la salle à manger sans regarder son père, s'asseoit et pique d'emblée le nez dans l'assiette et enfourne sa première cuillerée.  Ils se font face.

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Il l'interpelle. 


- Mais qui as-tu devant toi ?


Elle lève les yeux vers lui, tu veux quoi aujuste ?


- Je te demande qui tu avais devant toi, je ne t'ai pas demandé de me passer, le beurre, le sel ou la moutarde et surtout pas de me sauter au cou. 


Puis il ajoute ; Il est vrai, j'oubliais que tu ne peux sauter à la corde alors comment pourrais-tu me sauter au cou. Elle a suspendu sa cuiller et sa bouche reste ouverte et le regarde droit dans les yeux Il ne bronche pas


   Le pédiatre n'a décelé qu'un an après sa déficinc e une hémpiplégie du côté gauche 


   La vanne est indigne d'un père, elle est odieuse. Mais elle en a l'habitude, de ce père qui violente sa mère verbalement, de ce père qui râle qui guele toujours, qui se vante de ses cruautés qu'il ne renie jamais dont il semble s'être fait une spécialité. Elle l'ented dire que sa mère, que sa femme donc que sa mère est laide, limitée, inculte.


   Et il s'étonne que parfois elle baisse les bra, ne le reconnaisse plus comme père et n'ait plus envie de lui parler. Et il ne comprne pas qu'elle ne lui prodigue une affcction un sourire. Lui à son âge il était bac moins trois. Il ne comprenait rien en maths et physique chimie. Rien Zéro. Une nullité crasse qui conduisait ceux qui l'entrepreanit pour l'iader à se demander s'il ne draînait pas un espèce de débilité chrhonique. 


   Conscient de cette indigence honteuse il s'emportait contre ses parents, son frère les injuriait, les frappait par moments, cassait des assiettes, brisait des salaiders, balançait des fromages blancs contre les tapisseries de la cuisine 





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Mais elle, qui réussissait malgré son handicap invalidant Comment ne pouvait-il  comprendre qu'il était devenu au fil du temps à la suite de ces années d'invectives auxquelles s'ajoutaient des propos délibérément racistes, homphobes, antismites, qu'ils ne pensaient cependant pas, mais il se voulait dans la démonstration de la provocation permanente...


   Il en déduisait aussi qu'elle avait dû fureter sur ses blogs qu'il essaimait sur le web et qui avaient dû instiller chez elle quelque doute puisqu'il y fabulait des histoires d'infidélités qu'il imaginait faute de n'avoir eu l'audace de les vivre.


  

   Il pressentait encore plus qu'il ne savait les luttes qu'elle devait mener au quotidien pour masquer son handicap au regard de ses camarades que parfois ses maladresses interpellaient. Elle devait user de manoeuvres de contournements afin qu'il ne puissent pas identifier son mal que cependant ils n'étaient pas sans finir par percevoir


   Une leuute pour lutter contre son physique incertain, sa démarche bancale, pour mobiliser ses facultés intellectuels à raison d'un investissement constant et majoré pour lutter contre ses lenteurs, ses peurs paniques...



Mardi 23 novembre 2010 Vendredi 18 février 2011 un père haïssable  ;;;



























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