lundi 9 septembre 2024

Tu n'arrêtes pas chérie !

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NOUVELLE

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Tu n'arrêtes pas chérie
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Gilbert Cramoiseau entre dans la cuisine l'air suffisant, Brigitte y est déjà affairée. Cramoiseau qui a un caractère infernal mais qui a encore quelque bribe ténue d'humanité lui dit, presque admiratif, un peu outrancier :

- Tu n'arrêtes par, chérie !

Ce n'est évidemment pas nouveau, il ne découvre tout de même pas après trente sept ans de vie commune ce qu'est tout au long d'une journée, le commun des femmes, leur servage, et il reconnaît que quand même une femme, c'est un beau concentré d'abnégation, de soumission obligée, et de domesticité assumée...

   Une espèce de Sainte, au moins les saintes se pâment-elles pour leur Dieu pour Jésus, à parfois en devenir folle ou hystérique.

Brigitte Cramoiseau lave sa cocotte-minute après avoir passé les légumes. Ah bien sûr elle, son truc, ce n'est pas le fondement de la métaphysique des mœurs de Kant.

- Eh oui vois-tu et je ne demande rien, si peut-être ! que l'on ne m'ignore pas mais toi tu m'ignores, je ne te suis rien.

- Tu demandes au moins de la politesse, de la courtoisie, veut s'assurer Cramoiseau qui ne lui concède que le service minimum.

- Pas même dit Brigitte en se tournant vers lui, oui de la politesse non, pas de la politesse, mais que l'on me montre au moins quelque part que j'existe, et elle ajoute regardant Cramoiseau dans les yeux :

- Tu vois, je ne demande même pas du sentiment.

Elle le fixe, elle le fouaille, elle est lucide, elle sait que les "chéries" que son mari lui octroie sont des mots tout faits, des cache-misères de l'amour qui n'est plus, des trompe l'oreille, des leurres avec lesquels il lui cloue le bec pour avoir la paix. 

    Les hommes sont des salauds


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