dimanche 13 août 2023

Nouvelle - 6 - La cravate de Verlaine

 .


La cravate de vERLAINE


_


  Je suis allongé sur le lit. Non madame je ne suis pas nu. Je suis allongé sur le lit mes mains sont jointes doigt à doigt formant la charpente d'une oraison à travers laquelle je vois en perspective un pied, posé sur l'autre, les médecins n'aiment pas que l'on croise les pieds ... Décroisez vos jambes me disaient-ils dès qu'ils entraient dans la chambre... sans doute pour une histoire de circulation ...

  D'ailleurs madame vous seriez bien déçue si vous me verriez ( non je n'ai pas été vitrier ou souffleur de verre j'allais mettre un z à vitrier comme quoi, voyez-vous je me dégrade, je me dégrade ... ) nu, je n'ai plus d'érection, je suis presque castré, je pourrais si je le souhaitais trouver un emploi comme eunuque aux Emirats arabes unis ... Je sais bien que vous ne saviez pas écrire eunuque vous y mettiez deux n...

  Mais je parlais de ce pied qui se repose sur l'autre et le cache il a cinq doigts, l'on peut en faire des choses avec cinq doigts .... La preuve j'allonge des lignes comme j'allonge mes jambes là sur le lit ...

  Avec les doigts l'on peut même faire un pied de nez puis se les mettre dedans enfin pas tous à la fois ... Ce qui est bien avec les doigts c'est qu'ils sont compatibles avec tous les trous ... mais cette évocation est glauque, ne l'abordons pas pour le respect des pudeurs ...

  Les doigts ils savent aussi faire des noeuds, las ! ça tourne mal décidément maintenant voici les noeuds ...

  Les députés masculins du groupe La France insoumise ont refusé ce mardi 27 juin 2017 de porter une cravate dans l'Hémicycle, rompant avec la tradition. Mais, selon des sources parlementaires, sans violer les règles de l'Assemblée nationale. " Nous rejetons ce code vestimentaire qui nous est imposé ", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, élu un peu plus tôt à l'unanimité président du groupe de La France insoumise.

" Il y a eu ici des sans-culottes, il y aura désormais des sans cravate ", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse avant l'ouverture de la séance consacrée à l'élection du président de l'Assemblée. Il n'existe aucune disposition du règlement de l'Assemblée concernant la tenue des députés, l'instruction générale du bureau fixant seulement des règles pour la tenue du public.

  Ma chronique est une chronique sans cravate, elle est sans queue ni tête, mais si j'étais député je la porterais la cravate ... d'ailleurs c'est même une chronique sans-culotte ...

    Sur mon bureau il n'y a aucune instruction générale régissant les règles pour la tenue d'une bonne chronique ....


    Il y a aussi Jules Renard qui mentionne une rencontre avec Paul Verlaine le sept octobre 1892, Verlaine a alors cinquante deux ans et mourra quatre ans après, Verlaine qui arrive sentant l'absinthe " avec les plis de son crâne, ses pauvres mèches, avec sa bouche où habiteraient des sangliers et sa cravate de boîte à Poubelle ... " 


   Tiens je suis né un siècle après Verlaine.


   Enfin plus près de nous il y a son éminence Emmanuel Macron qui à Bercy, si,si dans un placard avait une collection de cravates rangées par dégradés de couleurs,


_

Mardi 27 juin 2017

_______________

Nouvelle - 7 - Il appelle la mort

 .


Il appelle la mort

_


    Je ne sais pas pourquoi l'on dit tout aussi bien " Quand on parle du loup on en voit la tête " que " Quand on parle du loup on en voit la queue " quand on voit Machin arriver l'on dit tiens quand on parle du loup on voit la tête, l'on ne dit pas quand on parle du loup tiens ! l'on en voit la queue, quand même quand on voit quelqu'un l'on lui voit d'abord la tête, en général, pas la queue d'abord.


   Evidemment si Machin un vieux libidineux sort sa ... Pardon ... d'ailleurs pourquoi un vieux Machin ! ce peut-être un adolescent, un jeune, un ancien jeune, un pervers, tout âge a ses pervers et souvent le dimanche...

  Oui je disais que j'étais sur l' ultime chemin même s'il aligne encore, je l'espère, je le souhaite, je l'invoque un long kilométrage, alors je ne peux qu'y penser et pas que tous les matins quand je me rase ...

    Mais je me dis qu'au lieu d'attendre que tous viennent autour de mon lit de mort le chapelet que l'on m'a déjà déjà entortillé autour de mes mains jointes et exsangues, la mine décomposée et qui à les voir me rendraient plus mort que mort je me dis qu'il conviendrait que j'invitasse sans tarder sous la forme d'une grande cousinade rabelaisienne tous ceux qui - tous comptes faits il m'en reste encore - qui me connurent et ne m'ont pas trop vomi.


   Nous ferions une grande fête emplie de cuivres, de gaîtés de l'escadron, au terme de laquelle chacune et chacun viendraient me serrer la main ou dans ses bras, m'embrasser sur les deux joues, et me souhaiter tous les bonheurs du monde dans l'au-delà ...

  ... Les trilles d'un merle perché sur une antenne, j'imagine bien un accueil de cette nature ...

    Mais c'est tout pour le moment ..  non encore un peu ...

    Quand on parle du loup on en voit la tête, j'espère que, ayant parlé de la mort je n'en verrai pas la faulx du moins pas tout de suite ...

  Je suis comme le bûcheron de la fable, il appelle la mort elle vient sans tarder lui demande ce qu'il faut faire, c'est dit-il afin de m'aider à recharger ce bois tu ne tarderas guère ...

    Si la mort se pointait je lui dirais ;

  " Mon amie pas tout de suite, encore un soir, encore un jour, encore une fois ... apprivoise-moi d'abord ....  Aime-moi ... "

_


A C *** le lundi 26 juin 2017 19.45 27°2

_


Nouvelle - 9 - Grisélidis *

 .

_


Grisélidis une âme *

_


Peintre, écrivaine, militante, Grisélidis Réal est morte en 2005 à soixante quinze ans.

  " La prostitution est un art, un humanisme, et une science " écrit -elle dans son " Carnet de bal d'une courtisane "

  " Quoi qu'en disent nos détracteurs, ces intégristes de la morale, nous régnons sans partage sur notre domaine qui est de compassion, d'élégance, de connaissance durement acquise de l'âme et du corps...

  Nous sommes et nous resterons libres, libres de nos corps, libres de notre esprit, libre de notre argent, gagné à la sueur de nos culs et de nos cerveaux.

  La seule prostitution authentique est volontaire.

  Seules la violence et la cruauté qui contraignent des êtres à se prostituer sont à proscrire, et nous condamnons cette injustice de toutes nos forces. "

  Grisélidis a voulu montrer que les prostituées ne sont pas nécessairement de pauvres filles incultes, sans moyens, aliénées.

  Elle racontait son activité ;

" Chaque matin, quand je vais au lit épuisée, il me semble qu'un troupeau de pourceaux m'est passé dessus, qu'ils m'ont piétinée, meurtrie, bavé dessus, craché sur mon visage " écrit-elle en 1967 .

_

Nouvelle - 10 - Parité saignante

 .


Parité saignante


_


Ces rodomontades sur la parité ça me gonfle, ça me soûle ... les Cléopâtre, Catherine de Médicis, Catherine II de Russie, Les Montespan Maintenon, les Eva Péron, Golda Meir, Colette, les Mimi Pinson, les grisettes, les Suzons et mille autres, s'amusent de nos finasseries françaises ...

  Bah ça passera ... Elles ont été créées pour être aimées, chéries, caressées, être regardées mais désormais la mode c'est de jouer les compétentes, de porter le pantalon, de snober les bonshommes ah ne me regardez pas comme ça je vais porter plainte ...

  D'ailleurs j'en connais une qui avait porté plainte contre le vent qui, un été, avait au coin d'une rue soulevé sa jupe, et, bizarre, sous le regard du passant médusé une jolie fesse s'était offerte, et un petit garçon qui lui aussi passait par là vit la fesse et dit à sa maman oh regarde maman la dame elle a les mêmes fesses que toi ! et la mère porta plainte elle pour attentat à la pudeur et débauche d'un mineur ...

      Elle a raison Christine Angot, " la littérature est un endroit qui échappe au contrôle de ceux qui contrôlent la vie réelle, ça les rend fous. Mais je force personne à me lire. "

  Moi non plus et d'ailleurs moi personne ne me lit, et c'est bien comme ça, c'est même jouissif, ou presque Ah ah .. ah aha hi hi hiiiii ! mais maintenant les femmes ne crient plus, ne hululent plus même au coeur de l'orgasme, ça ne se fait pas, ça ne se fait plus, c'est vulgaire, obscène, honteux, avilissant, non elles se mordent les lèvres, ça fait plus digne, elles saignent ça fait drame antique ..

  C'est tout pour le moment ...

_

Mercredi 28 juin 2017

_

Nouvelle - 11 - Il y a les avec les

 .

Il y a les avec 


_


 Il y a les a a les za za les zavec,

  Les avec morgue, les avec arrogance, les avec compassion, les avec ironie, les avec dédain, les avec suffisance, les avec dilettantisme, les avec mépris, avec condescendance, les avec componction, les avec concupiscence,

  Il y a les wawas il y a les wouwous, les wowos, les wiwis il y a ...

  Mais tout ça je m'enfous et je m'en contrefous ...

  Il y a les zizis, et le zizi de tonton Léon, les zézettes et la zézette de tante henriette qui devait être bien sèche la zézette de tante Henriette, les zombies, les zouzous, les zazas, les zazous, les zinzins, les zonzons et les zèbres  ... Il y a les sans il y a les a ..


   Il y a que ni tante Henriette, ni tonton Léon n'ont eu d'enfants ... tante Henriette était la soeur de tonton Léon et tonton Léon était le frère de tante Henriette, n'empêche ! il ne furent pas heureux et n'eurent aucun enfant.

  Les évêques et les enfants de choeur ... Il y a mais j'm'enfous, j'm'en contrefous, c'est dimanche c'est bas Dim, c'est breaking bad, badagobert qu'a misole sa culotte à l'envers ....


   Je pense à Tante Henriette et à Tonton Léon.

_


Nouvelle - 12 - Des mots et des doigts

 .

Des mots et des doigts

_


Tout plein de petits mots qui courent sur la page, des maigres et des gros des, des qui ne sont pas sages, des drôles et des tristes, des jolis des pas beaux, des qui ont l'air sinistre, d'autres qui sonnent faux.

    J'aime les petits mots, qui courent sur la page, j'aime les petits pois au creux de la cuiller ...

  Mais j'aime aussi les mots qui pleurent le lundi, qui espèrent le mardi, heureux le mercredi, et qui sourient tous les jeudis, les mots qui rient le vendredi et qui délirent le samedi, oh ! qui dimanche froncent du sourcil.

    J'aime les petits mots, j'aime les petits pois, et je t'aime mon amour qui aime mes petits doigts qui courent sur ta peau, qui caressent tes lèvres, font frissonner tes seins, le pourpre de ta croupe, la cîme de ton con dirait Louise Labé, ton con qui me pâme et confond, mes petits doigts défricheurs de tes secrets abymes ...


    J'aime les petits pois, et puis j'aime les mots les petits et les grands, les maigres et les gros, les obscènes, les divins, j'aime les petits doigts, et les miens et les tiens.

.

- 23 Octobre 1970 3 juillet 2017 -

.

Nouvelle - 13 - Au nom de Dieu *

 .

Madame de Staël *

-

 Madame de Staël  à son amant Ribbing :

    " Au nom de Dieu, ne me faites pas mourir par un long supplice. Dites-moi franchement que vous ne voulez pas de moi, que je ne vous reverrai jamais, que vous avez sacrifié ma vie à un an de la vôtre.

  C'est plus honnête que de m'écrire une lettre qui me remplit d'espérance, et de me laisser après des semaines entières dans un supplice que je suis vingt fois prête à terminer.

    Quelle barbarie de perdre ainsi l'existence d'une femme pour un jour de distraction !

_

- Décembre 1794 -
_

Nouvelle - 14 - Je ne suis qu'un compost

 .


Compost

_

  " Je regrette ma vieille robe de chambre, raconte Denis Diderot, Pourquoi ne l'avoir pas gardée ?

  J'étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j'étais pittoresque et beau. Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s'offrait à l'essuyer. l'autre, raide, empesée, me mannequine "

        Dans un autre registre Dominique Rollin décédée en 2012 et ex de Philippe Sollers répond à l'un de mes prégnants questionnements quant aux modalités de mes obsèques, dame tout arrive, et les Pompes funèbres nous engagent à y penser tous les jours, multipliant les conventions nous invitant à régler l'addition avant notre mort pour en exonérer nos proches.


        Alors crémation ou cercueil ? Dominique Rollin écrivait ;

      "  Brûler un corps est un crime aussi laid que théâtralement comique : enfermer des restes dans un tiroir parmi tant d'autres, pourquoi, on s'y recueille parfois en serrant les mâchoires, carnaval indigne.

  Non, rien ne vaut le sommeil en terre, oui, la bonne et riche terre. C'est ce que j'ai souhaité pour ma part, un cimetière de haut niveau, pelouses bien ratissées, fleurs, monuments stupides, oiseaux vifs, juste ce qu'il faut pour que l'oubli s'installe avec sobriété ; je me transformerai sans hâte en - compost - (comme disent les jardiniers ) "

    Je rejoindrai volontiers son approche relative au cercueil, confortée en l'occurrence par cette autre considération de Cioran ;

  " Retour d'une crémation. Dévaluation instantanée de l'Eternité et de tous les grands vocables . "  

    Et puis l'idée de me concevoir comme un compost n'est pas pour me déplaire.

    Tiens je vais renfiler la bonne vieille robe de chambre de Diderot et aller regarder mes lesbiennes, Shane, Jessica, Bette, Tina, Dan, Kit,  et les autres  qui pétillent   de joies de vivre dans la série The world love
et de fraîcheurs sensuelles ....

_

Lundi 25 janvier 2016

_

15.38




16.39

_

Nouvelle - 15 - Le linge sèche en une heure

 .

Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il reste encore à le repasser. Par ce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


     Elle le regarde le linge dans les bras, le fixe, quel con ce mec, il l'enrage, la rend folle ...elle lui dit : " Ouvre la fenêtre !". - Quoi ? - Ouvre la fenêtre ! 




Elle se met à tout arracher et elle balance tout par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter. Elle n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui lâche  comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tousse. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. "Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anne de Nouailles. .............. sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les monts. Ca ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge et mes chemises, elles, n'attendent pas.



;












8 - Repassez ! dit-elle


Mylène Duchaton est assise, haut perchée et postée sur son tabouret de peintre un peu à la manière du penseur de Rodin, le menton sur le dos de la main et le coude planté dans le genou, laissant autour de son joli visage d'ange déchu gonflé par l'alcool ruisseler sa jolie chevelure blonde et bouclée.


Elle contemple, au delà de la fenêtre, son linge qui sèche pendu sur le fil depuis trois jours. Il doit être sec se dit-elle. Il faut que j'aille voir. Elle met du temps à émerger de sa torpeur vodka-pamplemousse. Elle descend du tabouret précautionneusement et à pas prudemment posés sur les marches qui conduisent au jardin elle va voir. Un souffle passe qui soulève sa nuisette et découvre quelques bribes de l'origine du monde. Elle tâte du bout de ses doigts une petite culotte. C'est sec constate-t-elle. Oui mais elle ne va pas dépendre son linge, car son ménage n'est pas fait. Si elle range le linge de manière à le repasser et qu'elle balaie la poussière va retomber dessus. Il faudrait le recouvrir. Ca devient compliqué. Elle est en nage. En fait ce n'est pas une nuisette. De loin on pourrait s'y méprendre. C'est un tee-shirt grande taille qui en fait office, d'un coup il fait très chaud et il lui colle au corps. Dommage que l'alcool et autres narcotiques lui aient gonflé le ventre. Elle a de tendres petites fesses. L'aspirateur ne fonctionne pas depuis des semaines. La solution est pourtant toute simple il ne faut pas balayer. a attendra sinon le linge dans ce sud de la France va brûler. Il faut donc dépendre le linge, le repasser puis le ranger. Mylène Duchaton a lu Claude Sarraute et souffre du dos. Ah ! repasses dit-elle. Elle lit aussi Lénine, Badiou mais eux ils ne la soignent pas, ils ne l'apaisent pas , il lui prennent la tête, ils ne lavent pas son linge, ils ne l'étendent pas, ils ne le plient, ni ne le rangent, ils ne fon ni le ménage, ni les courses, ni les comptes. Ils ont des conférences, pérorent sur les plateaux télé. Pas Lénine. Lénine sur un plateau télé ça aurait eu de la gueule. Mais Mylène Duchaton a un truc. Elle trie son linge par catégorie de textile et le glisse en le répartissant sous son matelas Alors au terme d'une nuit sage, sans tumulte ou effervescence le lendemain matin elle soulève le matelas. Le linge n'attend plus qu'à être plié et rangé.


Il est repassé !






Elle le dit et l'évoque comme une surprise heureuse.


Lui : Je suis content pour lui.


Elle : ... ?


Lui : Oui pour lui le linge. Après tout c'est peut-être ça aussi le bonheur. Le linge qui sèche vite. Pour autant Madame, il vous reste encore à le repasser. Parce que s'il a séché vite le linge, il voudrait aussi, vite être repassé, pour vite être enfilé. Je pense à mes chemises.


Alors elle s'est mise à tout arracher et elle a tout balancé par la fenêtre. Le linge propre qui venait de sécher en une heure. Mon linge propre. Mes chemises. J'ai descendu les escaliers quatre à quatre. Je me suis mis à genoux sur le trottoir. J'ai rassemblé tout le saint -frusquin et les chemises. Il y en avait même dans le caniveau. J'ai appuyé sur le bouton, la machine est repartie. J'étendrai. Je ferai sécher. Je repasserai. La salope. On ne peut plus plaisanter,ça n'a pas le sens de l'humour. Bon dieu, pourtant, j'ai pris sur moi. Sacrément. Je lui ai lu comme ça, saisi au vol sur le mode aléatoire un passage d'une nouvelle de Bukowski : " Un truc vraiment horrible. C'est de se retrouver au lit, nuit après nuit, avec une femme que l'on n'a plus envie de baiser. Dans le lit, il arrive qu'en se retournant, mes pieds touchent parfois les siens. Bon sang c'est affreux ! Et la nuit est là dehors derrière les rideaux, qui vous enferme ensemble dans la tombe." Ce n'est pas de moi c'est de Bukowski. Je le lui dis à nouveau. La machine tourne. Elle a blémi. Elle a pris son petit sac. Elle a claqué la porte. " Mais..." Non ! elle était déjà dehors. Ce n'est pas de moi, mais je pense la même chose que Bukowski.


Elle a pris ça pour elle. Elle a dû penser comme elle me le dit souvent : "oui, oui, bien sûr, ce n'est pas pour moi. Rassure-toi. J'ai compris, la grosse, la moche, la vieille, la conne qui lave, qui étend, qui fait sécher et qui doit repasser très vite parce que le linge et les chemises de monsieur n'attendent pas !". Elle a bien compris. Tout compris et depuis longtemps.


Après tout elle me traite bien de vieux gros con aux dents jaunes. Le berger répond à la bergère. Mais comme le berger a de la classe, la prochaine fois le berger lui lira du Anna de Nouailles; “ Viens sur tes cheveux noirs mets un chapeau de paille, allons voir le soleil se lever sur les 7 - Le linge a séché en une heure


Elle : le linge a séché en une heure


monts...” mais ça ma vieille, tu peux toujours attendre. J'ai du linge à laver, sécher et repasser et mes chemises, elles, n'attendent pas.


   La nuit est là dehors qui vous enferme ensemble dans la tombe.

.






































Nouvelle - 17 - La Mort intime

 .

LA MORT INTIME

______________


mercredi 18 mars 2015 7.20

_


   J'écrivais donc que j'allais dissoudre ce blog, peut-être pas. Peut-être pas.


   Parce que la mort m'intéresse et que j'envisage d'une part de la parcourir à travers le livre de Marie de Hennezel, psychanalyste, spécialiste de l'accompagnement de la fin de la vie  ; " La mort intime " sous-titré ; " ( 1995 ); " Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre " perception que je ne partage pas du tout à ce jour, d'autre part à travers la perception qu'en ont les prosateurs et poètes.


   Ce n'est qu'un exercice de style, qu'une curiosité d'Alceste Paumier, puisque par ailleurs ce blog n'est lu que par un nombre dérisoire - mais non moins honorable - d'internautes.

    

   Hennezel qui ouvre son livre en disant :


   " La mort est le moment culminant de notre vie, son couronnement, ce qui confère sens et valeur. " 

     

       Si encore elle avait ouvert son livre avec ce vers de Francis Jammes ;


     " Lorsqu'il faudra aller vers vous, Ô mon Dieu, faites

    que ce soit par un jour où la campagne en fête

    poudroiera . "

.