dimanche 8 août 2021

Nouvelle - 27 - Souriez ! Vous êtes filmé

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   Quand Gilbert  Cramoiseau  marche, il marche à la manière du rêveur solitaire, l'air introverti, le regard fixé sur la pointe de ses souliers et se laisse envahir par mille pensées sans véritable intérêt mais qui l'assaillent pêle-mêle à son insu et qu’il mâchonne au rythme de ses pas. Il lui faut toujours broyer quelque chose pour ne pas avoir le sentiment de tourner à vide, c'est à dire pour ne pas avoir l'impression de vivre à vide.

La croix verte lumineuse d'une pharmacie laisse défiler la bande-annonce de la date, de l'heure et de la température. Il fait nuit encore. Sept heures cinquante-sept, treize degrés. Il marche dans ce matin d'hiver, ce matin de décembre dans cette énorme ville où déjà gronde à cette heure le murmure immense du labeur.   

   Il marche donc, lève soudain la tête et tombe quasiment le nez sur l'affiche d'un panneau publicitaire. Il s’agit de la publicité de la marque Nikon qui l'interpelle, l'apostrophe, au point qu’il a failli lui dire bonjour, bonjour ! à cette affiche qui lui jette au visage l'objectif d'un appareil photographique qui le fixe du doigt, de l'index, le soulève par le col, le happe, le hisse, le hèle : " Souriez, vous êtes filmé " clament les mots du slogan. Et Gilbert Cramoiseau subjugué, charmé, obtempère, sourit. Il sourit naturellement, heureux, limite béat. Nikon lui a dit " Souriez " Cramoiseau sourit à Nikon.

   Puis il continue de marcher, songeur. Il n'en revient pas. Il se repasse le film de l'histoire et sourit à nouveau.   Mais quel con ! mais quel con ! quel... bon ! il s'est suffisamment flagellé ... 

   Puis il marche toujours, éberlué, " ahurissant ! j'ai obéi à une affiche, à une forme d'injonction subliminale ". 

   Il marche Gilbert Cramoiseau, il marche et il se remet à sourire. Quand même ! sourire à un slogan !

   Normal il est filmé. 


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8 août 2021

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Souriez, vous êtes filmé


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Quand Gilbert  Cramoiseau  marche, il marche à la manière du rêveur solitaire, le regard accroché à la pointe de ses souliers et se laissant envahir par le tout-venant de ses pensées. Il lui faut toujours avoir du grain à moudre, un quelque chose, pour ne pas être hanté par  le sentiment de tourner à vide, c'est à dire pour ne pas avoir l'impression de vivre à vide.


Il marche ce matin dans cette énorme ville où déjà gronde le murmure immense du labeur. La croix verte lumineuse d'une pharmacie laisse défiler la date, l'heure et la température. Il fait nuit encore. Sept heures cinquante sept, treize degrés. Il marche, lève la tête, tombe quasiment nez à nez avec l'affiche d'un panneau publicitaire, ils disent un panneau sucette, planté sur le trottoir.... cette affiche qui l'interpelle, l'apostrophe.


   Il a failli lui dire bonjour, bonjour à cette affiche qui lui jette au visage l'objectif d'un appareil photographique qui le fixe, le pointe du doigt, le soulève par le col, le happe, l'aspire, le gobe, le hèle : " Souriez, vous êtes filmé " clament les mots du slogan. 


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    Et Gilbert Cramoiseau subjugué, charmé, obtempère, sourit. Il obtempère et sourit Cramoiseau. Il sourit naturellement, heureux, limite béat. Nikon lui a dit " Souriez " il sourit à Nikon.


Puis il continue de marcher, songeur. Il n'en revient pas. Il se repasse le film de l'histoire et sourit à nouveau.   Mais quel con ! mais quel con ! quel... bon ! il s'est suffisamment flagellé. 


   Et il marche, il marche, éberlué, " Ahurissant, j'ai obéi à une affiche, à une forme d'injonction subliminale ". 


    Il marche Gilbert Cramoiseau, il marche et il se remet à sourire. Il n'en revient pas. Je suis filmé !


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Souriez, vous êtes filmé



Quand Gilbert  Cramoiseau  marche, c'est à dire à la manière du rêveur solitaire, introverti, le regard perdu sur la pointe de ses souliers et se laissant envahir par mille pensées sans véritable intérêt. Il lui faut toujours broyer quelque chose pour ne pas avoir le sentiment de tourner à vide, c'est à dire pour ne pas avoir l'impression de vivre à vide.


Il marche ce matin dans cette énorme ville où déjà gronde le murmure immense du labeur. La croix verte lumineuse d'une pharmacie laisse défiler la date, l'heure et la température. Il fait nuit encore. Sept heures cinquante sept, treize degrés. Il marche, lève la tête, tombe quasiment nez à nez avec l'affiche d'un panneau publicitaire ....Channel qui l'interpelle, l'apostrophe, il a failli lui dire bonjour, bonjour à cette affiche qui lui jette au visage l'objectif d'un appareil photographique qui le fixe du doigt, le soulève par le col, le happe, l'aspire, le gobe, le hèle : "souriez, vous êtes filmé" clament les mots du slogan. Et Gilbert Cramoiseau subjugué, charmé, obtempère, sourit. Il sourit naturellement, heureux, limite béat. Nikon lui a dit "souriez" il sourit à Nikon.


Puis il continue de marcher, songeur. Il n'en revient pas. Il se repasse le film de l'histoire et sourit à nouveau.   Mais quel con ! mais quel con ! quel... bon ! il s'est suffisamment flagellé se dit-il. Puis il marche toujours, éberlué, "ahurissant, j'ai obéi à une affiche, à une forme d'injonction subliminale". Il marche Gilbert Cramoiseau, il marche et il se remet à sourire



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Souriez, vous êtes filmé
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Quand Gilbert  Cramoiseau  marche, il marche à la manière du rêveur solitaire, introverti, le regard perdu sur la pointe de ses souliers, se laissant envahir par mille pensées sans véritable intérêt qu’il mâchonne au rythme de ses pas.

    Il lui faut toujours broyer quelque chose pour ne pas avoir le sentiment de tourner à vide, c'est à dire pour ne pas avoir l'impression de vivre à vide.

Il marche ce matin dans cette énorme ville où déjà gronde le murmure immense du labeur. 

   La croix verte lumineuse d'une pharmacie laisse défiler la bande-annonce de la date, de l'heure et de la température. Il fait nuit encore. Sept heures cinquante-sept, treize degrés. Il marche, lève la tête et tombe quasiment le nez sur  l'affiche d'un panneau publicitaire. Il s’agit de la publicité de la marque Nikon qui l'interpelle, l'apostrophe, au point qu’il a failli lui dire bonjour, bonjour ! à cette affiche qui lui jette au visage l'objectif d'un appareil photographique qui le fixe du doigt, le pointe, le soulève par le col, le happe, le hisse, le hèle : 

- " Souriez, vous êtes filmé "

    clament les mots du slogan. Et Gilbert Cramoiseau subjugué, charmé, obtempère, sourit. Il sourit naturellement, heureux, limite béat. Nikon lui a dit " Souriez " et Cramoiseau sourit à Nikon.

   Puis il continue de marcher, songeur. Il n'en revient pas. Il se repasse le film de l'histoire et sourit à nouveau.   
   
   Mais quel con ! mais quel con ! quel... bon ! il s'est suffisamment flagellé se dit-il. Puis il marche toujours, éberlué, " ahurissant ! j'ai obéi à une affiche, à une forme d'injonction subliminale ". Il marche Gilbert Cramoiseau, il marche et il se remet à sourire. 

Quand même ! sourire à un slogan !

   Normal il est filmé. 

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